En quelques années, Berlin est devenu
une place incontournable de l'internet européen. Retour sur cette
ascension réussie. Au point d'inspirer Paris ?
Récit d’un voyage d’étude de 2 entrepreneurs français au sein de la nouvelle place forte de l’internet en Europe.
La Silicone Alley :
voici le nouveau surnom de la scène internet berlinoise en forme de
clin d’œil à sa consœur américaine. Depuis 2007, la cité de l’ours
connaît un essor fantastique de son industrie internet, au point de
parler d’éco-système comparable à celui d’Outre Atlantique. 4
incubateurs captent particulièrement l’attention sur la scène berlinoise
(Rocket Internet, Project A Ventures, Springstar et Team Europe). A leur actif on peut citer des réussites comme celle de Zalando, City Deal, Brands4Friends, ou encore Casacanda récemment acquis par Fab.com.
Face à tant de succès, il faut admettre que le hasard a laissé place à une industrie qui semble avoir trouvé un véritable modèle de développement.
Berlin a été souvent réduit à une usine à fabriquer des copy-cat mais
derrière ce débat se cache une réalité qui suscite autant les critiques
que la curiosité: un vrai savoir-faire en matière d’industrialisation de
start-up et une capacité à faire émerger rapidement des projets
européens.
Les ressorts de cette nouvelle industrie: innovation, organisation, et environnement international
Pour
reprendre les termes de Mike Butcher de Techcrunch Europe qui oppose
d’un côté « execution innovation » et « conceptual innovation », on peut
dire que ces incubateurs ont une approche assez différente dans la
manière de créer et de développer des start-ups : l’accent est davantage
mis sur l’excellence de l’exécution que sur le caractère disruptif ou
conceptuel de l’idée fondatrice de la société.
Cette excellence dans l’exécution
passe par une organisation quasi industrielle, mutualisant le
financement, les locaux, les relations presse, le recrutement, les
ressources techniques et marketing.
Ce qui frappe c’est aussi la dimension européenne voire mondiale des projets. C’est sans doute un de leurs grands points forts :
voir grand dès le début ! Là où le déploiement international des
start-ups se pose généralement dans un second temps dans des pays comme
la France, les incubateurs allemands n’hésitent pas à lancer des projets
dans plusieurs pays simultanément. On sait qu’il est toujours difficile
de construire des champions européens de l’internet car il y a autant
de spécificités que de pays. Pour répondre à ce défi, ces incubateurs
mettent aujourd’hui en place des structures locales pour s’implanter au
plus vite en dehors de l’Allemagne.
Il faut également souligner la capacité de cet environnement à attirer des talents des quatre coins du monde.
Cette attractivité s’explique par plusieurs facteurs :
-
Les Allemands maîtrisent l’anglais sur le bout des doigts. Il n’est
donc pas nécessaire de parler la langue de Goethe pour vivre et
travailler à Berlin.
- On
peut profiter à moindre coût de l’intensité d’une capitale européenne
qui offre une des meilleures qualités de vie sur le vieux continent.
La rançon du succès : l’afflux des investissements
Berlin
est en train de connaître un développement d’une nouvelle envergure :
les projets s’internationalisent de plus en plus tôt et les
investisseurs se bousculent pour soutenir cette euphorie créative. Après
avoir reçu plus de 300 millions € d’investissement du fond suédois AB
Kinnevik en 2011, Rocket Internet chercherait à lever 1 milliard d’euro à l’aide de fonds souverains.
Le groupe Allemand OTTO (1er groupe e-commerce européen) se lance lui
aussi dans cette course mondiale à l’innovation en finançant le dernier
né des incubateurs berlinois Project A Ventures, composé d’anciens
dirigeants de Rocket Internet.
Il n’y a plus de doute à avoir : à
l’image de ce qui existe déjà dans l’automobile et les machines outils
et de ce qui se prépare dans les énergies renouvelables, Berlin veut
devenir une puissance mondiale de industrie de l’internet.
Source: Journal du Net, Matthieu Delgrange
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