Depuis trois ans, l’Association des Centraliens a lancé des « think tanks », littéralement « réservoirs à idées », véritables « usines à produire de la réflexion ». Ils s’appuient sur la communauté centralienne et sont commandités par les organismes à but non lucratif (Ecole Centrale de Paris, ministères…). Fin 2011, les membres de l’Association ont réfléchi au thème de l’innovation, qui vient de donner lieu à la publication de l’ouvrage « Huit priorités pour dynamiser l’innovation en France », aux éditions Armand Colin. Une tribune d’Olivier Ferrary, animateur du think thank.
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Le think tank est parti du constat assez généralement partagé que l’économie française va mal et le déficit d’innovation est une cause majeure de ce manque de compétitivité de la marque France.
L’objectif du think tank Innovation a été d’identifier un nombre limité de priorités pour dynamiser l’innovation en France. Les membres du premier cercle sont des Centraliens et un Supelec travaillant dans des grands groupes ou des PME, en France comme à l’étranger, dans des fonctions de management, de R&D ou d’enseignement. La grande originalité de ce think tank et de s’être appuyé sur une enquête terrain à laquelle ont répondu plus de 1 100 centraliens, dont près de la moitié travaillent dans l’industrie et 20 % résident à l’étranger.
Le constat du think tank
La France a acquis un leadership mondial dans le nucléaire, le ferroviaire, l’aéronautique, l’automobile, les services aux collectivités et le luxe, mais ces positions sont de en plus en plus mises en question par de nouveaux entrants ou par nos concurrents traditionnels européens, américains et japonais.
De surcroit, nos entreprises sont insuffisamment présentes dans les technologies de l’information et de la communication (TIC), dans les biotechnologies et les énergies renouvelables, de façon générale dans les technologies nécessaires pour répondre aux défis des grandes tendances de l’économie mondiale.
De très nombreuses mesures ont été prises depuis une dizaine d’années pour stimuler l’innovation, la R&D et la création d’entreprise, que ce soit pour fédérer les acteurs (Pôles de compétitivité, Instituts Carnot, Pôles de recherche, autonomie des Universités,..), ou pour améliorer le financement (Oséo, Crédit d’Impôt Recherche, incitation au venture capital, loi NRE, Agence Nationale de la Recherche,…). Elles se sont traduites par des progrès significatifs, notamment dans nos Grandes Ecoles et universités ou dans les mondes de la recherche, des entreprises ou du venture capital.
Pourtant la situation reste alarmante : la France est classée dixième en Europe pour l’innovation, aucune entreprise française n’apparaît dans les 50 entreprises les plus innovantes au monde, la R&D en entreprise faible (1,2 % du PIB contre environ 2 % aux USA), les PME-PMI s’impliquent peu dans l’innovation, la présence des entreprises françaises dans les projets européens de recherche et innovation reste faible…
Au contraire, l’expérience des autres grandes puissances économiques est riche d’enseignements : les Etats-Unis restent la référence en matière d’innovation avec une culture d’entrepreneur et d’innovation et un management d’entreprise orienté sur l’innovation. L’Allemagne impressionne aussi avec l’importance du doctorat, la cohésion sociale autour de l’entreprise et la recherche, les nombreuses foires rassemblant les professionnels pour présenter les progrès, la mise à disposition du savoir auprès des entreprises, notamment des PME/PMI (Instituts Fraunhofer et normes DIN), une démarche systématique pour accompagner les nouvelles technologies. Le Japon, la Chine et la Corée enfin s’appuient pour innover sur une vision holistique avec des systèmes intégrés pour mobiliser et aligner tous les acteurs (véhicules électriques ou développement dans l’électronique).
En conclusion, le déficit d’innovation français est un problème complexe, à causes multiples. Sa solution passe par des actions multiples au niveau culturel, de l’enseignement, notamment supérieur, des entreprises et des pouvoirs publics.
En publiant cet ouvrage, la communauté Centralienne lance un appel à tous, et plus encore à ceux qui exercent des responsabilités dans les domaines de la politique, de l’économie, de la recherche et de l’enseignement, de la communication pour qu’en tout lieu davantage soit fait pour rendre la France plus innovante. C’est dans cet esprit que ce rapport a été envoyé fin 2011 à plus 300 grands responsables dans notre pays.
Dans le cadre du 150 ° anniversaire de notre association, en 2012, d’autres manifestations seront organisées sur ce thème essentiel pour notre pays, notamment à travers les groupements professionnels, régionaux ou à l’international et notamment un dîner-débat programmé le 20 mars à la Maison des centraliens. Que ce soit des occasions de dynamiser l’esprit d’innovation de notre pays !
Source : InnovCity
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