« Vous reprendrez bien un peu de compote ? ». Face à un hôpital vieillissant et malgré les prouesses réalisées par la recherche médicale, la chambre d’hôpital reste un lieu peu convivial. Depuis septembre dernier, 30 des 150 entreprises membres du « Clubster Santé Nord-Pas-de-Calais » planchent sur le prototype de la chambre d’hôpital du futur. Au menu : de l’innovation au service de la revalidation du patient.
L’objectif du projet ? Se rassembler pour proposer une offre complète aux structures hospitalières et innover collectivement dans un domaine où le respect de certaines règles, d’hygiène notamment, exclut souvent toute originalité. « Avec la loi Hôpital Patient Santé Territoire (promulguée le 29 juillet 2009, ndlr), les entreprises du secteur s’inquiétaient de la massification des achats hospitaliers car pour faire baisser les coûts, les hôpitaux achètent certains équipements en commun », explique Perrine Lespagnol, déléguée générale du Clubster Santé. Les jeunes pousses nordiques ont donc décidé de prendre le taureau par les cornes pour imaginer une chambre d’hôpital innovante sur tous les plans. Le tout en collaboration avec le CHRU de Lille, afin de s’assurer que la démarche soit en accord avec les besoins des patients et soignants.
Principe fondamental ? Aider le patient à se revalider
Le fil rouge de ce projet ? Adapter les équipements pour permettre au maximum la revitalisation du patient. « Un patient immobilisé dans son lit ne fait qu’accroître son mauvais état, il lui faut donc un espace conçu pour qu’il puisse se mettre progressivement en position assise, recevoir des gens, manger avec eux », expose Luc de Saint-Louvent, dirigeant de Burie, l’une des sociétés participantes, spécialisée en agencement de mobilier. C’est dans cet esprit qu’ont été imaginés les quatre équipements principaux, au premier titre desquels, le fauteuil-lit. Au creux de ce cocon, le patient peut s’asseoir le jour en position repos, ce qui l’incite à se lever régulièrement. A la nuit tombée, le fauteuil peut basculer pour se transformer en lit. Une fois le fauteuil clipsé à la tête de lit, les barrières de sécurité sortent automatiquement. Autre moyen pour le patient de faire de l’exercice ? « La mise en place d’interfaces de communication pour rendre la chambre innovante et intelligente », annonce Perrine Lespagnol. A l’image de ce grand écran multi-fonctions, pilotable à distance grâce aux mouvements du patient. Le fauteuil est lui connecté au smartphone du patient qui peut ainsi le diriger à sa guise. Un second écran, plus petit, est dédié au personnel soignant qui, via un badge électronique, peut accéder directement au dossier médical du patient et réaliser les prescriptions adaptées.
A l’entrée de la chambre, la salle de bains dispose de toilettes encastrables et auto-nettoyantes. Malgré sa taille réduite, elle est ouverte sur la chambre via une paroi amovible, ce qui a pour effet d’agrandir visuellement la chambre et d’apporter de la lumière naturelle dans cette pièce habituellement sombre. En amont du projet, le clubster a soumis les premières esquisses et idées aux médecins de l’hôpital de Lille afin d’améliorer certains aspects du projet et de travailler sur les produits incontournables : « nous avons eu une demande spécifique sur l’espace accompagnant », précise la déléguée générale. Résultat ? La chambre s’est agrémentée d’une banquette-lit encastrable dans le mur pour permettre à l’accompagnant de dormir. Afin d’optimiser la gestion de l’éclairage, une réflexion a également été menée autour de la lumière de soin et de confort : « nous avons reproduit une lumière faible qui consomme peu d’énergie, s’adapte à la luminosité ambiante et respecte le cycle circadien dans la chambre ». Enfin, une réflexion a été menée sur les matériaux et leur innocuité : côté mobilier par exemple, l’entreprise Burie a travaillé sur des objets à faible émission de formaldéhyde et des matériaux anti-bactériens, voire photocatalytiques pour le miroir, qui se nettoie quasiment seul en présence de lumière. Les joints et jonctions sur les meubles sont les plus unis possible pour éviter aux particules indésirables de s’y incruster et faciliter ainsi le nettoyage de la chambre.
D’un coût total de 200 000 euros, le prototype sera dévoilé le 22 mai à l’occasion du salon Hôpital Expo à Paris, avant d’être exposé à l’hôpital de Lille. Les structures de santépourront donc au choix piocher les éléments qu’ils souhaitent installer ou acquérir la totalité de cette chambre de 18 m2, intégrable au bâti existant. Un moyen pour les entreprises du Nord-Pas-de-Calais de montrer que l’union fait la force et que le savoir-faire local peut permettre de « lutter contre le mobilier qui arrive de l’étranger de manière catastrophique », conclut pour sa part l’entrepreneur.
Source : Innov'City
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