Les pouvoirs publics ont reconnu
l’importance croissante du phénomène de crowdfunding, c’est du moins
l’impression qui s’impose à la découverte du travail effectué par la BPI
auprès des acteurs de la finance participative.
A l'occasion des 1ères Assises du
financement participatif qui se sont tenues le 30 septembre au Ministère
de l'Economie et des Finances, la BPI a annoncé la mise en ligne de sa
nouvelle plate-forme de centralisation des projets participatifs, TousNosProjets.
Cette plate-forme n’est cependant pas une plate-forme de crowdfunding
comme il en existe dans le privé, elle consiste à centraliser les
données des grandes plate-formes privées, c’est à dire centraliser les
informations concernant les projets mis en avant, afin d’essayer de
donner une information plus simple et accessible à l’utilisateur. Si
cette initiative peut apparaître comme une demi-mesure de la part de la BPI,
celle-ci se contentant de jouer un rôle de facilitateur dans la
transaction, l’importance est d’abord celle de la reconnaissance. En
mettant en place une plate-forme dédiée, les pouvoirs publics
reconnaissent l’utilité proprement publique que ce mode de financement,
solidaire et décentralisé détient.
Simplifier le contact entre particulier et porteur de projet
Cette initiative a pour objectif, selon Benjamin Richard,
Chargé de Mission auprès du Directeur général de la BPI, “[...]
d’offrir un point d’entrée unique pour les particuliers qui souhaitent
financer des projets.” Si une offre solide et consistante existe bien au
niveau du crowdfunding, avec de nombreux acteurs reconnus pour leur
efficacité, l’offre est encore particulièrement morcelée. Afin d’éviter
le développement d’un phénomène “communautaire” auprès de chaque
plate-forme, ce qui irait à contrario des principes mêmes de la finance
participative, la mise en place de TousNosProjets pourrait permettre
d’offrir une visibilité améliorée aux porteurs de projet, indépendamment
des capacités communicationnelles propres aux plate-formes privées sur
lesquels ils sont présents. Il faut cependant nuancer cette assertion.
En l’occurrence, le site de la BPI ne recense que les acteurs ayant déjà
atteint une masse suffisante pour présenter une réelle crédibilité. Ils
sont ainsi déjà 14 à avoir adhéré au projet, à l’image de Babyloan ou
MyMajorCompany mais aussi SmartAngels ou KissKissBankBank. Il sera dès
lors possible pour le particulier d’affiner sa recherche de projet au
moyen des nombreux filtres mis à sa disposition, afin de connecter au
plus proche attente des particuliers et celles des porteurs de projet.
L’amorce d’une politique plus large?
Si de nombreux événements, de nombreuses rencontres ont été
financées grâce à des fonds publics, TousNosProjets est la première
initiative d’ampleur qui vise à s’intégrer complètement dans l’habitus
du financement participatif. Le choix de la BPI pour porter ce projet
n’est pas étonnant, ses missions visant avant tout au financement de PME
et projets innovants, mais traduit aussi ce que Benjamin Richard
appelle “[...] un engagement pris par Bpifrance pour le développement de
l’Economie Sociale et Solidaire, dont les activités sont fondées sur un
principe de solidarité et d’utilité sociale avec des modes de gestions
démocratiques et participatifs”. Devant la place de plus en plus
importante prise par le crowdfunding, la BPI ne pouvait réellement se
permettre de ne pas accompagner le mouvement. Plutôt que d’appréhender
ces plate-formes comme des entités concurrentielles, la BPI entend se
placer comme collaborateur, pour, continue-t-il “développer des outils
de financement complémentaires aux notres.”
Source : L'Atelier
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