Collaborative, alternative, frugale, locale, raisonnée... L'Entreprise fait le point sur les nouvelles formes de consommation qui gagneront du terrain en 2013.
1.Le boom de la consommation participative
"En 2013, les consommateurs participeront de façon croissante et de plus en plus diverse au financement, lancement et développement de marques et produits", pronostiqueTrendwatching, cabinet d'études de veille de tendances basé aux Pays Bas. Le crowdsourcing continuera donc son développement.
Nouveau, le consommateur fera de plus en plus appel à une foule d'experts pour s'y retrouver dans la jungle des offres sur internet.
Darjeelin se veut ainsi la première agence de voyages participative : "La recherche du meilleur billet d'avion peut prendre un temps considérable à un non-initié, avec un résultat souvent décevant, explique Thibault Lorcy cofondateur. "Notre plateforme mobilise pour les voyageurs une communauté d'experts qui les aideront à voyager " plus malin". Ils connaissent toutes les ficelles de la recherche de billets ("flight hacking") et sont capables d'être très créatifs pour proposer des tarifs jusqu'à 25% moins chers que les comparateurs ou agences de voyages en ligne classiques."
Concrètement pour 20 euros payés par l'utilisateur, Darjeelin met en concurrence quatre experts pendant trois jours pour chaque demande de voyage. Celui qui a fait l'offre la plus intéressante touche 15 euros, et l'intermédiaire cinq euros.
Autre exemple de nouveau venu de la consommation collaborative, wedigup. Cette plateforme propose elle aussi de rentabiliser le temps passé sur la toile en faisant appel aux experts. Le principe : "Nous mettons en relation des internautes compétents (en high tech pour l'instant) au service d'acheteurs novices et pressés pour dégoter le meilleur produit au meilleur prix en fonction de ses besoins et de son budget", explique sa créatrice Félicie Lavinaud.
A suivre: le gros carton aux Etats-Unis de Quirky. Cette start-up new-yorkaise dont le leitmotiv est "les meilleures idées sont dans la tête des clients", propose d'élire une invention née d'un consommateur pour améliorer le quotidien. Les 300.000 membres du réseau social de Quirky votent trois fois par semaine. L'invention la plus ingénieuse passe alors au bureau d'études avant de devenir un prototype puis un produit de masse distribué par de grandes enseignes (Auchan en France depuis fin 2012).
2. L'essor du "consommer moins mais mieux"
"Je voudrais consommer moins mais mieux". C'est l'affirmation dans laquelle se reconnaissent le plus 30% des Français, selon l'étude 2012 de l'Observatoire des consommations émergentes (ObSoCo). Par consommer "mieux", les consommateurs entendent "acheter des produits "qui durent plus longtemps" (44%), "bons pour la santé" (37%), des produits "de qualité et respectueux de l'environnement" (36%) et enfin "fabriqués localement" (33%).
Les Français achètent déjà "autrement" : 60% ont acheté au moins un produit d'occasion dans les 12 derniers mois, 50% empruntent du matériel de bricolage ou des produits culturels à leur entourage. 37% ont aussi déjà pratiqué l'achat groupé dans l'année écoulée. "La location d'un produit (hors voiture) est encore modeste (19% des consommateurs) mais peut-être d'abord à cause d'une faiblesse de l'offre", remarque l'ObSoCo, observatoire de la société et de la consommation. "Mais le développement de site comme Zilok (location entre particuliers) ou l'engagement récent de certaines enseignes (Leroy Merlin ou Monsieur Bricolage) est de nature à révéler tout le potentiel de cette forme de consommation".
3. L'appel aux "pairs"
"La crise favorise le succès des formules " de particulier à particulier ", note Rémy Oudghiri, directeur du département Tendances & Insights, chez Ipsos Public Affairs. Avec l'essor des réseaux sociaux, les individus n'hésitent plus à se mettre en contact directement les uns avec les autres. "Conséquence : un Français sur deux a déjà acheté des produits à d'autres particuliers via des sites d'annonces en ligne et la même proportion a déjà vendu des produits à d'autres. 11% ont déjà échangé ou " troqué " des produits ou des services avec d'autres personnes et 11% ont déjà loué un bien ou un équipement dont ils avaient besoin à un particulier." Avec la crise, le consommateur n'hésite plus à se tourner vers ses pairs pour résoudre ses problèmes de la vie quotidienne.
4. Un marketing plus "frugal"
Contraintes budgétaires obligent, en 2013, les clients chercheront encore plus de solutions pour consommer "malin", retirer davantage de satisfactions et d'effets pour chaque euro dépensé. S'ils achètent d'occasion ou recourent au "faire soi-même" c'est par souci de faire des économies. "Les sombres perspectives en matière d'évolution du pouvoir d'achat pour les prochaines années constituent un facteur de diffusion et d'intensification des pratiques de consommation émergentes", relève l'ObSoCo. Conséquences: certaines marques et enseignes n'hésitent pas à s'inspirer du marketing en vigueur dans les pays émergents . Le marketing frugal l'arme fatale pour doper la consommation des "fauchés" ?! Renault, Procter&Gamble, Nokia...et bien d'autres s'en servent déjà.
"L'innovation frugale consiste à augmenter la valeur perçue par le consommateur tout en gardant le coût minime", explique Navi Radjou, consultant basé à Palo Alto en Californie et auteur de "Jugaad Innovation" ("jugaad" mot indien veut dire "ingéniosité maitrisée" en indou). En Inde, la Nano voiture du groupe Tata vendue 2000 a rendu la consommation automobilie accessible à la classe moyenne. Le marketing en 2013 devra redoubler d'ingéniosité pour rendre abordables les produits et les services qu'au fond le consommateur rêve toujours d'utiliser ou de posséder ! Vertu de la crise : elle obligera à être créatif !
5. Fabrication locale 2.0
"La fabrication locale est la nouvelle économie de services". Dans son briefing des dix tendances à suivre en 2013, Trendwatchning pronostique l'essor de "fabrication locale 2.0". Les consommateurs s'éprennent de plus en plus du "made in France" : leur engouement va aux marques qui, au-delà d'un produit, racontent une histoire, et aux marques qui peuvent répondre vite (donc n'ont pas délocalisé loin leur production). En Californie, le constructeur de voitures électriques Tesla a sorti un modèle tesla S fabriqué entièrement localement.
"Our Town is making jeans again". A Cardigan (Pays de Galles) on refabrique des jeans après en avoir délocalisé la production il y a dix ans. C'est Hiut Denime une start-up britannique qui s'est lancé sur le créneau en 2012.
Dans l'hexagone, le revival du "made in France" est balbutiant, mais les vents sont porteurs pour ceux qui n'ont pas cédé aux sirènes de la délocalisation. Les relocalisations d'activité ont timidement commencé avec souvent comme argument de se rapprocher de leur marché. Ainsi les vélos à assistance électriqueVeloscoot ont-ils rapatrié leur production de Chine à La Rochelle.
Google comptait jouer aussi sur la fibre du patriotisme économique quand il annonce le lancement de Nexus Q en juin 2012. Sur la coque de ce lecteur multimédia domestique était inscrit "Designed and Manufactured in the U.S.A." La base en métal devait être faite dans le Midwest, les composants en plastique moulés en Californie. Et l'ensemble du bijou hightech serait assemblé non loin du QG de Google à Moutain View, Californie ! Le lancement du Nexus Q a été retardé, mais la promesse marketing était très claire : designé, fabriqué et assemblé au pays !
Source : L'Entreprise
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