jeudi 1 mars 2012

Pourquoi Berlin est en train de devenir la Silicon Valley européenne

En quelques années, Berlin est devenu une place incontournable de l'internet européen. Retour sur cette ascension réussie. Au point d'inspirer Paris ?
Récit d’un voyage d’étude de 2 entrepreneurs français au sein de la nouvelle place forte de l’internet en Europe.

La Silicone Alley : voici le nouveau surnom de la scène internet berlinoise en forme de clin d’œil à sa consœur américaine. Depuis 2007, la cité de l’ours connaît un essor fantastique de son industrie internet, au point de parler d’éco-système comparable à celui d’Outre Atlantique. 4 incubateurs captent particulièrement l’attention sur la scène berlinoise (Rocket Internet,  Project A Ventures, Springstar et Team Europe). A leur actif on peut citer des réussites comme celle de Zalando, City Deal, Brands4Friends, ou encore Casacanda récemment acquis par Fab.com.

Face à tant de succès, il faut admettre que le hasard a laissé place à une industrie qui semble avoir trouvé un véritable modèle de développement. Berlin a été souvent réduit à une usine à fabriquer des copy-cat mais derrière ce débat se cache une réalité qui suscite autant les critiques que la curiosité: un vrai savoir-faire en matière d’industrialisation de start-up et une capacité à faire émerger rapidement des projets européens.

Les ressorts de cette nouvelle industrie: innovation, organisation, et environnement international
Pour reprendre les termes de Mike Butcher de Techcrunch Europe qui oppose d’un côté « execution innovation » et « conceptual innovation », on peut dire que ces incubateurs ont une approche assez différente dans la manière de créer et de développer des start-ups : l’accent est davantage mis sur l’excellence de l’exécution que sur le caractère disruptif ou conceptuel de l’idée fondatrice de la société.

Cette excellence dans l’exécution passe par une organisation quasi industrielle, mutualisant le financement, les locaux, les relations presse, le recrutement, les ressources techniques et marketing.
Ce qui frappe c’est aussi la dimension européenne voire mondiale des projets. C’est sans doute un de leurs grands points forts : voir grand dès le début ! Là où le déploiement international des start-ups se pose généralement dans un second temps dans des pays comme la France, les incubateurs allemands n’hésitent pas à lancer des projets dans plusieurs pays simultanément. On sait qu’il est toujours difficile de construire des champions européens de l’internet car il y a autant de spécificités que de pays. Pour répondre à ce défi, ces incubateurs mettent aujourd’hui en place des structures locales pour s’implanter au plus vite en dehors de l’Allemagne.

Il faut également souligner la capacité de cet environnement à attirer des talents des quatre coins du monde.
Cette attractivité s’explique par plusieurs facteurs :

- Les Allemands maîtrisent l’anglais sur le bout des doigts. Il n’est donc pas nécessaire de parler la langue de Goethe pour vivre et travailler à Berlin.
- On peut profiter à moindre coût de l’intensité d’une capitale européenne qui offre une des meilleures qualités de vie sur le vieux continent.

La rançon du succès : l’afflux des investissements

Berlin est en train de connaître un développement d’une nouvelle envergure : les projets s’internationalisent de plus en plus tôt et les investisseurs se bousculent pour soutenir cette euphorie créative. Après avoir reçu plus de 300 millions € d’investissement du fond suédois AB Kinnevik en 2011, Rocket Internet chercherait à lever 1 milliard d’euro à l’aide de fonds souverains.  Le groupe Allemand OTTO (1er groupe e-commerce européen) se lance lui aussi dans cette course mondiale à l’innovation en finançant le dernier né des incubateurs berlinois Project A Ventures, composé d’anciens dirigeants de Rocket Internet.

Il n’y a plus de doute à avoir : à l’image de ce qui existe déjà dans l’automobile et les machines outils et de ce qui se prépare dans les énergies renouvelables, Berlin veut devenir une puissance mondiale de industrie de l’internet. 


Source: Journal du Net, Matthieu Delgrange

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