mercredi 27 juillet 2011

Wysips greffe un panneau solaire à l’écran de votre smartphone

Wysips
Un téléphone « à plat » avant un rendez-vous avec un client important. Ou pire encore, avec l’amour de votre vie. Bientôt, la jeune société aixoise Wysips devrait vous sortir d’un tel cauchemar. Cette filiale de SunPartner prévoit en effet de lancer, dès septembre 2012, un nouveau type d’écran pour smartphone intégrant des cellules solaires. De quoi éviter les écrans noirs et les rechargements intempestifs. «Notre premier modèle disposera d’une capacité de 10 milliwatt par cm². Cela correspond à une recharge de 15 minutes de communication pour une heure d’exposition au soleil. La recharge complète prendra environ six heures » explique Ludovic Deblois, co-fondateur de Wysips. Précision importante, l’écran solaire captera également la lumière intérieure. Tapis dans son bureau, le travailleur « de l’ombre » pourra donc lui aussi recharger son mobile sans prise électrique. A condition néanmoins d’être patient.
Pour concevoir cet écran innovant, l’équipe de Wysips n’a pas cherché à mettre au point des cellules solaires transparentes. Mais plutôt à les rendre invisibles à l’oeil nu. « Notre savoir-faire c’est la miniaturisation des cellules photovoltaïques. Le principe c’est que nous avons une première couche en fibre optique qui oriente la lumière vers une deuxième couche de silicium. La superposition des couches fait qu’on a une transparence totale. » Fruit de deux années de R&D, ce dispositif vise également une intégration facile, sans modifier l’intérieur du téléphone. L’écran solaire sera ainsi simplement relié à une puce de « power management » qui pourra, au choix, alimenter directement l’appareil et/ou recharger sa batterie.
Technologie solaire - Wysips
Technologie solaire - Wysips (cliquer pour agrandir)
Un euro par smartphone équipé
« Si nous allons vite, nous avons des chances de connaître le même succès que l’écran tactile il y a quelques années. Nous sommes conscients du potentiel de notre technologie » prévient Ludovic Deblois. Une ambition déjà confirmée - en mars dernier - par l’obtention du trophée « Green Telecom and Smart Energy Solutions » dans le cadre du CTIA à Orlando (Floride). Suite à ce prix, Wysips a d’ailleurs été contacté par de nombreux fabricants d’appareils ou composants. Pour équiper des téléphones mobiles, mais aussi des tablettes, des panneaux publicitaires ou encore des matières textiles. « Nous visons un coût de production d’un euro par écran. Ce n’est pas très cher. Pour le fabricant, ce coût peut même devenir neutre s’il profite de cette nouvelle fonctionnalité pour réduire la taille de la batterie. » Des promesses qui ont de quoi inquiéter les industriels spécialisés dans les équipements de recharge (chargeurs, batteries…). Selon Ludovic Deblois, un écran solaire pourrait ainsi fournir assez d’énergie pour rendre autonome un petit appareil électronique comme l’Ebook.
Concentré sur l’aspect innovation, Wysips a choisi de diffuser sa technologie à travers un modèle de licences. Si la recherche sur les « téléphones solaires » a été portée sur les fonds propres de la PME, les futurs autres applicatifs seront donc développés via des contrats-cadres signé avec les grands fabricants. En attendant, le projet se concrétise. Dès février, la société mettra en service une première ligne de fabrication de son écran à Aix-en-Provence. « Il s’agira d’une ligne pilote d’une capacité annuelle de 8 millions d’unités. Rapidement, il faudra être capable de passer cette production à plusieurs centaines de millions d’unités. Les grands fabricants prendront alors le relais. » Si une diffusion massive des écrans solaires devrait enthousiasmer les technophiles, elle risque en revanche de déplaire aux étourdis, aux retardataires et autres baratineurs. Avec une telle fonctionnalité, l’alibi du «plusdebatterie » devrait en effet bientôt tomber « à plat ».
Et demain ?
Le marché « naturel » de Wysips semble aujourd’hui être celui des smartphones et des produits électroniques. Mais la société aixoise espère un jour intégrer sa technologie dans d’autres objets de notre quotidien. « Notre vision c’est de proposer un composant simple associé à un système de fixation qui permette une intégration optimale. D’ici trois ans, nous aimerions que cette technologie devienne un composant générique explique Ludovic Deblois, co-fondateur de Wysips. Un peu comme un sticker qu’on puisse appliquer sur différents objets ». Wysips travaille d’ailleurs actuellement sur un concept de « stores solaires ». Un produit pour lesquelles la contrainte de taille de la cellule est moins cruciale que pour les écrans mais qui nécessite, en revanche, une forte flexibilité.

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