lundi 4 juillet 2011

Smart Grid : le gouvernement fédéral dévoile son plan pour construire le réseau électrique du 21ème siècle (partie 1/2)

http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/67161.htm


Lors d'une conférence à la Maison Blanche le 13 juin, l'administration Obama a donné le coup d'envoi d'une nouvelle campagne visant à renforcer l'effort de développement d'un réseau électrique "intelligent" (Smart Grid) [1].


La Smart Grid, une priorité d'Obama dans le domaine de l'énergie

Améliorer le réseau électrique et le rendre "intelligent" permet d'augmenter l'efficacité de la production d'électricité (grâce à l'accès aux données de consommation collectées en temps réel), de rendre le réseau plus fiable et résilient, et de supporter la production d'énergie intermittente et décentralisée des énergies renouvelables. La Smart Grid est nécessaire pour accomplir les objectifs du président, notamment atteindre 80% d'énergie "propre" d'ici 2035 et la mise en circulation d'un million de véhicules électriques d'ici 2015.

Ainsi, la Smart Grid est une priorité énergétique de l'administration Obama depuis son entrée en fonction. Dans le cadre du plan de relance de l'économie voté en 2009, le secteur a reçu 4,5 milliards de dollars (3 milliards d'euros) de fonds publics depuis 2009, auxquels sont venus s'ajouter 5,5 milliards de dollars (3,8 milliards d'euros) d'investissements privés. "L'Amérique ne peut construire l'économie du 21ème siècle avec un réseau électrique [datant] du 20ème. En travaillant avec les états, l'industrie et le secteur privé, nous pouvons construire un réseau électrique [...] qui créera des emplois, réduira la consommation d'énergie, et augmentera notre production d'énergie renouvelables" déclare le secrétaire à l'énergie Steven Chu.

L'administration a initié dès 2007 un effort de normalisation du secteur, piloté par l'Institut National des Normes et de la Technologie (NIST) [2]. Cette démarche fait intervenir toutes les parties prenantes du secteur (producteurs d'électricité, fabricants d'équipement, éditeurs de logiciels). Elle progresse lentement, puisqu'un seul axe de normalisation sur les 19 identifiés a été finalisé jusqu'à présent. La normalisation du secteur est un préalable important pour instaurer la confiance des consommateurs et des investisseurs, ainsi que pour encourager l'innovation.

Des initiatives tournées vers le secteur privé

Parmi les intervenants à la conférence étaient présents : le secrétaire à l'énergie Steven Chu, le secrétaire à l'agriculture Tom Vilsack, la directrice du Conseil pour la Qualité Environnemental (CEQ) Nancy Sutley et le directeur du Bureau de la Politique Scientifique et Technique de la Maison Blanche (OSTP), John Holdren. A cette occasion, ils ont présenté de nouvelles initiatives que l'administration souhaite adopter dans le domaine de la Smart Grid :

- Le lancement d'une organisation à but non lucratif regroupant des fournisseurs d'électricité et des fabricants de compteurs électriques "intelligents". Nommée "Grid 21", l'organisation a pour but de promouvoir l'utilisation de nouvelles technologies et des services de gestion d'énergie auprès des consommateurs. Cette initiative s'inscrit dans un effort de sensibilisation des consommateurs, dans l'ensemble peu familiers avec la notion de smart grid : d'après une enquête de la Consumer Electronics Association, 66% des américains ne connaissent pas le terme [3]. Grid 21 est à l'origine de la campagne "Biggest Energy Saver" [4] qui prévoit de lancer durant l'été 2011 un concours durant l'été 2011 primant les consommateurs qui auront économisé le plus d'énergie, ainsi qu'un autre pour les développeurs d'applications pour le public dans le domaine de la Smart Grid.

- L'engagement de la part du Département de l'Energie (DoE) à améliorer l'accès des consommateurs aux données les concernant, notamment celles de leur consommation électrique. Le DoE a annoncé que les investissements rendus possibles par le plan de relance ont déjà permis l'installation de 5 millions de compteurs intelligents.

Le DoE prévoit également l'élaboration d'une carte interactive pour mesurer la progression de la construction de la Smart Grid, et l'organisation d'une compétition à destination des écoliers (Home Energy Education Challenge) afin d'éduquer et d'inciter à prendre des actions dans le domaine de l'efficacité énergétique [5].

Le secrétaire Chu a souligné l'absence d'autorité de l'état fédéral dans le domaine de la production et distribution d'électricité, et a insisté sur le fait que celui-ci se consacrerait à aider le secteur privé à investir dans la Smart Grid. "Nous voulons faciliter les discussions pour que vous puissiez obtenir un meilleur retour sur investissement" déclare-t-il à l'attention des représentants de l'industrie du secteur. Chu estime que le gouvernement fédéral peut aider à "lisser" le développement de la Smart Grid afin de limiter le risque pris par les premiers investisseurs. "Je travaille pour le gouvernement fédéral, [et] je suis ici pour vous aider à gagner de l'argent" plaisante-t-il.

Bien qu'il donne la priorité au secteur privé, le gouvernement fédéral entend aussi poursuivre un engagement direct dans le développement de la Smart Grid :
- Le secrétaire à l'agriculture Vilsack a annoncé 250 millions de dollars (173 millions d'euros) de prêts fournis par le Département de l'Agriculture pour le déploiement des technologies Smart Grid et la transformation du réseau électrique en milieu rural.
- Un groupe de travail inter-agence sur les énergies renouvelables (Renewable Energy Rapid Response Team) sera créé, avec pour but d'améliorer la coordination au sein de l'état fédéral et de réduire les temps d'instruction des dossiers pour les projets de production d'énergies renouvelables et de lignes de transmission. Ce groupe devrait être co-dirigé par le CEQ, le Département de l'Intérieur (DoI) et le DoE.
- La collaboration internationale sera renforcée, notamment avec la région Asie-Pacifique. En particulier, le NIST et le représentant américain au commerce (USTR) devront collaborer avec l'APEC (Coopération Economique de la zone Asie-Pacifique) et d'autres nations sur le délicat sujet de l'interopérabilité internationale entre les normes Smart Grid.

Le DoE envisage également la création de trois nouveaux "Energy Innovation Hub" [6] pour 2012, dont un serait dédié à la recherche sur les technologies et systèmes pour la Smart Grid. Dotée de 20 millions de dollars (13,8 millions d'euros) au sein de la proposition de budget 2012, cette proposition devra passer l'étape du vote du budget au Congrès, ce qui ne sera pas aisé dans un contexte de réduction des dépenses publiques.

Enfin, le point clef de cette conférence a été la publication d'un rapport présentant les priorités que l'administration entend donner à sa politique de développement de la Smart Grid [7]. Ce rapport sera présenté dans la deuxième partie de cet article, à paraître prochainement dans les Bulletins Electroniques.

Des mesures trop peu ambitieuses ?

L'administration compte beaucoup sur le retour d'expérience des projets pilotes réalisés avec les fonds du plan de relance. L'analyse et la mise à disposition des résultats permettra de tirer des enseignements sur les technologies et méthodes les plus adaptées, et serviront de démonstrateurs pour convaincre les élus, les industriels et les consommateurs, nombreux à être réticents au développement de la smart grid. Parmi plusieurs facteurs, le manque d'information et le coût des investissements à réaliser sont des obstacles majeurs. Bob Shapard, PD-G d'Oncor, une société de distribution d'électricité et intervenant à la conférence, confirme qu'informer et convaincre les sceptiques du potentiel de la smart grid doit être une priorité. "Vous avez des élus qui sont sceptiques et des consommateurs qui disent "je ne veux pas payer pour cela"", déclare t-il. "Nous rencontrons beaucoup de résistance, nous devons [leur] montrer quels peuvent être les bénéfices. [...] Nous essayons de montrer ce qui peut être fait".

Néanmoins, certains analystes restent sceptiques quant au succès d'une telle initiative sans l'apport de financements supplémentaires conséquents. L'ampleur de la tâche à accomplir est énorme : rénover un réseau de près de 483.000 kilomètres de lignes électriques - opéré par près de 3000 compagnies - devrait coûter entre 338 et 476 milliards de dollars (234 et 329 milliards d'euros) d'investissements sur 20 ans, dont près de 70% devra être réalisé dans l'infrastructure de distribution, selon un rapport du Electric Power Research Institute [8]. A l'heure actuelle, les fournisseurs d'électricité investissent seulement 0,2% de leur revenu en recherche et développement, soit moins que dans les autres industries, déclare Massoud Amin, professeur d'ingénierie électrique et informatique à l'université du Minnesota.

Dans ces conditions, il n'est pas certain que ces nouvelles initiatives sauront convaincre le secteur privé de débloquer les financements nécessaires.
ORIGINE : BE Etats-Unis numéro 253 (1/07/2011) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/67161.htm
SOURCE : 
- "SMART GRID: White House emphasizes private-sector initiatives in new policy platform" - E&E Greenwire - MANDEL Jenny, NORTHEY Hannah - 13/06/2011 -http://www.eenews.net/Greenwire/rss/2011/06/13/2 (par abonnement)
- "Obama Admin Launches Campaign to Help States, Utilities Deploy Smart Grid Projects" - The New York Times - BEHR Peter - 13/06/2011 -http://redirectix.bulletins-electroniques.com/XA4eP
- "White House pushes policies to upgrade nation's aging electrical network" The Washington Post - VASTAG Brian - 13/06/2011 - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/K3SUB
- "Energy Secretary Chu Announces Five Million Smart Meters Installed Nationwide as Part of Grid Modernization Effort" - Department of Energy Press Releases - 13/06/2011 - (http://www.energy.gov/news/10362.htm)
- "Grid 21 to Launch Biggest Energy Saver Campaign" - Green Technology World - DAWSON Carolyn - 14/06/2011 - http://redirectix.bulletins-electroniques.com/Sz6EI

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