A l’avenir, pour le système électrique français, une condition sera nécessaire à l’intégration massive de véhicules électriques : il faudra majoritairement recharger leurs batteries en dehors des périodes de pointe. Comment les constructeurs d’infrastructures de recharge prennent-ils en compte cette donne ? Jusqu’où l’innovation ira-t-elle ? Le point de vue de Claude Ricaud, directeur de l’innovation Power Business chez Schneider Electric.
Rappelons-le, la question de la recharge des voitures électriques ne tient pas tant à la quantité d’électricité consommée mais plutôt au moment de consommation. Si à l’avenir, des millions d’utilisateurs rechargent leur véhicule, le soir, en rentrant à la maison, RTE prévoit un impact sur la courbe de consommation d’électricité, avec des pics encore accentués à l’heure de pointe.
Claude Ricaud : « Pour éviter l’augmentation de la pointe, on peut d’abord gérer la charge des véhicules en utilisant l’électricité disponible la nuit, autrement dit dans un creux de consommation. C’est pourquoi nous dimensionnons les infrastructures domestiques pour qu’une recharge totale programmée la veille, soit terminée le matin. Il faut que la puissance soit suffisante pour “faire le plein” en moins de 8 heures. En 2020, ces recharges nocturnes, ajoutées aux recharges faites sur les lieux de travail, devraient représenter 85 à 90% du volume d’électricité consommé par les véhicules.
Les conducteurs doivent aussi pouvoir recharger ponctuellement leur voiture en déplacement, dans la journée. Il faut donc des infrastructures de recharge publiques… Cette charge devra, elle aussi, être “intelligente” : allouer la puissance disponible à un moment donné, selon le nombre de véhicules en charge, l’urgence et le type de demande (charge pleine ou pas). Dans les parkings, l’optimisation et la planification de la recharge tiendra compte aussi du temps de stationnement des véhicules électriques. Dans ce temps imparti, la borne doit être capable de retarder ou accélérer certaines charges, c’est-à-dire de choisir le moment et la vitesse de la consommation.».
Le saviez-vous ? « Demain, des infrastructures permettront de recharger sa voiture électrique en différents lieux (chez soi, parking résidentiel ou public, station service…), avec différentes puissances et donc vitesses de charge pour faire “le plein” (de 3 à 50 kiloWatts, lente ou rapide, de 8 heures à 15 minutes) ».
La recharge de la voiture électrique peut aussi devenir une opportunité pour le réseau de transport d’électricité, car un nouveau type d’usage de l’électricité offre de la flexibilité pour la gestion de l’équilibre production/consommation. « D’après le scénario 2020, poursuit Claude Ricaud, la France produira environ 60 TWh d’énergie éolienne (soit 60 000 GWh), pour une puissance installée de 25 GW*. Ce qui pourrait conduire au paradoxe de se trouver en surproduction d’énergie éolienne. Par exemple, à certains moments de la nuit, quand la consommation d’électricité du pays est au minimum. On serait alors contraint d’arrêter des éoliennes momentanément. A l’inverse, si on a des véhicules à charger à ce moment-là, typiquement entre 1h et 5h du matin, cette production éolienne sera utilisable.
Et même, pendant la pointe du soir, les véhicules électriques à l’arrêt pourraient redonner de l’énergie au réseau (en fonctionnant dans un mode dit « Vehicule to Grid »). Ils mettraient à disposition l’électricité de leurs batteries, comme une énergie d’appoint. »
Allons plus loin : les clés de succès d’une gestion intelligente de la recharge
Claude Ricaud : « Les solutions de recharge déployées doivent permettre au véhicule et à l’infrastructure de recharge de dialoguer pour optimiser la consommation d’énergie : “Quand et combien d’électricité veux-tu ?”. La gestion intelligente de la recharge, c’est un système en poupées russes, qui intègre une communication des données à double sens entre infrastructure et véhicule, au niveau de la maison, du bâtiment et du réseau. Autrement dit, le volume d’électricité disponible et soutiré devra être connu et géré à chacun de ces niveaux.
Claude Ricaud : « Les solutions de recharge déployées doivent permettre au véhicule et à l’infrastructure de recharge de dialoguer pour optimiser la consommation d’énergie : “Quand et combien d’électricité veux-tu ?”. La gestion intelligente de la recharge, c’est un système en poupées russes, qui intègre une communication des données à double sens entre infrastructure et véhicule, au niveau de la maison, du bâtiment et du réseau. Autrement dit, le volume d’électricité disponible et soutiré devra être connu et géré à chacun de ces niveaux.
Pour que cela marche, cette gestion de la charge doit aussi apporter de nouveaux services à l’utilisateur (et non pas seulement des contraintes). Elles se veulent faciles d’accès et flexibles d’utilisation.
Enfin, des modèles économiques sont à mettre en place pour réellement valoriser cette gestion intelligente de l’énergie. D’une part, le consommateur doit trouver un intérêt économique à recharger la nuit. Il faut aussi que le véhicule électrique contribue à une gestion flexible du réseau, et que le consommateur lui-même soit incité, dans le cadre d’un contrat et d’une rémunération ad hoc, à redonner de l’énergie au réseau lors des pics de consommation. »
Source: www.audeladeslignes.com
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