vendredi 9 juillet 2010

Les développeurs et les applications mobiles

Etant donnée la fragmentation que connait l’industrie des applications mobiles, il est bon de voir que certaines études viennent nous aider à comprendre et donner sens à ce qui se passe dans ce secteur de l’économie numérique, secteur qui ne cesse de prendre de l’importance et ce sur l’ensemble du globe. Si vous vous intéressez au sujet, je vous invite à consulter cette étude très approfondie, réalisée par vision mobile (et sponsorisée par Telefonica Developer communities) qui nous plonge au cœur du domaine et constitue à ce jour un des rapports les plus complet paru.

Intitulée Development Economic 2010, cette étude explore en profondeur tous les aspects du monde du développement mobile, avec la participation de plus de 400 développeurs du monde entier, segmentés sur les 8 plateformes principales : iOS (iPhone), Android, Symbian, BlackBerry, Java ME, Windows phone, Flash Lite et web mobile (WAP/XHTML/CSS/Javascript).

Ce rapport, qui se base sur une étude complète réalisée par une équipe de 3 chercheurs, 5 interviewers et 8 développeurs d’applications mobiles entre janvier et juin 2010, nous donne un excellent aperçu de toutes les étapes clefs du développement d’une application mobile : du choix de la plateforme à sa distribution et sa monétisation.

Quelques éléments importants de cette étude :

TAUX DE PÉNÉTRATION DU MARCHE ET PRÉFÉRENCE DES DÉVELOPPEURS

- Le taux de pénétration du marché est de loin le critère le plus important dans la sélection de la plateforme, raison citée par plus de 75% des développeurs sondés. Clairement les développeurs se soucient plus du marché adressable et du potentiel de monétisation plutôt que des considérations techniques liées à la plateforme.

- Basé sur son échantillon de 400 personnes, VisionMobile, a constaté que la plupart des développeurs travaillent sur plusieurs plateformes à la fois : 2.8 plateformes par dév en moyenne. Parmi les développeurs Android et iPhone, 20% proposent leur application sur les deux places de marché concurrentes en même temps.

- Sur ces deux dernières années un transfert de « mindshare » (de préférence des développeurs) s’effectue des plateformes traditionnelles (symbian, JAVA ME et Windows phone) au profit de l’iOS, d’Android et de RIM. La « large minorité » (20-25%) des sondés développant sous Symbian et qui proposent leurs applications également sous iPhone, confirment ce changement qui s’opère au profit des nouveaux acteurs.

- Selon VisionMobile, la grande majorité des développeurs Java Me, ayant répondu, ont perdu foi dans la vision «Ecris du code une fois, fais le tourner partout ». De plus les témoignages suggèrent que près de la moitié des développeurs « stars » Windows mobile possèdent un iPhone et réfléchiraient à deux fois avant de réinvestir dans un terminal sous OS Microsoft.

- Android se positionne comme la plateforme de développement la plus populaire. Les résultats de l’enquête révèlent que pratiquement 60% de l’ensemble développeurs mobiles ont récemment développé sous Android. Second en termes de préférence arrive l’iOS (iPhone), devançant ainsi devant Symbian et Java Me, encore en tête en 2008.

- Les chiffres révèlent un décalage entre les préférences des développeurs et le marché adressable. Par exemple l’OS Symbian est installé sur environ 390 millions de terminaux mobiles (2ème trimestre 2010) et revendique à peine 6000 applications alors que sur la même période l’iPhone d’Apple a 30 fois d’applications déployées sur 60 millions de terminaux.

- Bien entendu la plupart des développeurs ont une forte affinité avec les plateformes sur les lesquelles ils ont investi le plus de temps ; sur l’ensemble des 8 plateformes mobiles étudiées, les sondés pensent que le meilleur aspect de leur plateforme est le taux de pénétration, même si en réalité ce taux est relativement faible.

MARKETING, DISTRIBUTION ET MONÉTISATION

- Les canaux de distribution principaux d’il y a quelques années sont maintenant minoritaires dans la stratégie « go to market » des applications mobiles. Les portails des opérateurs et les apps préinstallées sur les terminaux sont les canaux principaux de moins de 5% des développeurs sondés. Les résultats de l’étude font ressortir que les développeurs ont principalement recours aux stores (Appstore, l’Android store etc…) ou au téléchargement direct via leur site internet.

- Les app stores ont réduit la durée moyenne du « time-to-shelves » de deux tiers : de 68 jours sur les plateformes traditionnelles à 22 jours sur un app store et la durée de « time-to-payment » de moitié, passant de 82 jours à 36 jours. En moyenne il vous faudra attendre 55 jours pour être payé via le canal opérateur et un incroyable 128 jours quand votre application est préinstallée par un constructeur.

- Il y a peu, voir quasi aucun usage des app stores en tant que canaux de distribution principaux en dehors d’Apple et d’Android. Seulement 5% et 10% des développeurs Java et iPhone ont déclaré utiliser les app stores dans ce cadre.

- Le problème le plus important pour les développeurs est le manque de canaux marketing efficaces pour augmenter la visibilité et la découverte de leurs applications par les utilisateurs. Plus de 50% d’entre eux seraient prêt à payer pour apparaître dans les classements ou la sélection d’applications.

- Le problème le plus important dans le processus de certification est son coût. plus de 30% des sondés citent cet obstacle comme le problème numéro un du processus. L’économie ne fonctionne pas pour les applications low costs mais seulement pour les mega-productions.

- La ruée vers l’or est un mythe : seulement 5% des sondés ont déclaré obtenir d’excellents revenus, au dessus de leurs attentes. Pratiquement 60% n’ont pas atteint les objectifs espérés.

- Le modèle de revenus par publicité est le second plus important derrière le modèle éprouvé du « paiement au téléchargement » (sur les app stores). Le modèle par abonnement, pour le moment, est plus important lorsque l’app est distribuée via les opérateurs (comparativement aux app stores).

ASPECTS TECHNIQUES

- La courbe d’apprentissage varie de façon importante d’une plateforme à l’autre. En moyenne, il faut 15 mois pour maitriser Symbian contre moins de 6 mois pour Android. Un développeur Symbian doit ainsi écrire trois fois plus de code qu’un développeur Android et deux fois plus qu’un développeur iPhone.

- En termes de débogage, les tests montrent qu’Android a le processus de débogage le plus rapide comparé à l’iPhone, Symbian et Java Me.

- La capacité de construire des interfaces attractives est encore loin d’être accessible pour tous les développeurs. Environ 50% (sous Symbian, BlackBerry et Windows phone) se plaignent de la difficulté de créer de bonnes interfaces.

- Le rapport indique que 80% des développeurs se tournent vers la communauté et les forums non officiels pour du support technique. Les sites officiels ne sont utilisés que par 40% des sondés.

- La restriction des « unpublished » et « hidden » API des terminaux est voulue par les plateformes, néanmoins les développeurs seraient prêt à payer pour y accéder, il s’agit même de leur première demande concernant le support technique. Ainsi, les plateformes pourraient bénéficier de SDK tiers, accessibles sur la base d’abonnements.

- Les API (programmes) des opérateurs ont échoué à attirer les développeurs puisqu’à peine 5% d’entre eux pensent qu’il s’agit de leur rôle d’en proposer. Néanmoins 50% des développeurs seraient prêt à payer les opérateurs pour des API de facturation, suivi par le sms et la géolocalisation.

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