lundi 31 mai 2010

La puissance de calcul à la rescousse du changement climatique

http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/63272.htm

Alors que le prix des matières premieres (pétrole, gaz, or, riz) ne cesse d'augmenter, celui de la puissance de calcul continue de diminuer.

En effet un corollaire intéressant de la loi de Moore, du nom d'un des fondateurs d'Intel qui avait prédit que la puissance de calcul allait doubler tous les ans, est que l'énergie utilisée pour faire un calcul donné se retrouve divisée par 2 toutes les 1,5 années. Ces résultats étaient récemment présentés lors d'une conférence à Berkeley par Jonathan Koomey, expert en efficacité énergétique et chercheur à Stanford et au Lawrence Berkeley National Lab [1].

Ce constat était au centre de bon nombre des présentations qui ont eu lieula semaine dernière à l'occasion de la Conférence Green:Net 2010 à San Francisco, qui se focalisait sur la convergence des technologies de l'information (IT) et des technologies propres (cleantech) [2].

Idealab, la labo à idées vertes

Pour Bill Gross, entrepreneur chevronné et directeur de l'incubateur d'idées Idealab [3] dont est notamment issu le géant du solaire thermique E-Solar, le calcul est simple: la puissance de calcul coute de moins en moins cher, et la consommation énergétique diminuant de manière impressionnante, c'est une commodité dont il faut user et abuser pour s'attaquer aux autres problèmes qui affectent notre environnement et sont cause de réchauffement climatique.

Une illustration flagrante de ce principe se retrouve dans le portfolio des entreprises issues d'Idealab:

E-Solar, développeur de ferme solaire-thermique

Les fermes sont composées d'un champ de petits panneaux réflecteurs plats qui renvoient la lumière du soleil vers une tour et permettent de générer de la vapeur pour activer une turbine et générer de l'électricité. La force d'E-Solar est d'utiliser des petits panneaux plats dont le montage peut se faire en usine et l'installation est relativement simple, permettant de minimiser les couts de main d'oeuvre. La taille des panneaux étant relativement petite, des panneaux plats peuvent suffire et cela permet de limiter les couts de fabrication.Enfin quatre tours encerclent le champ des panneaux et utilisent des algorithmes de traitement d'image pour reconnaitre l'ensemble des panneaux et ainsi les orienter de manière optimale. Ces algorithmes peuvent travailler de manière rapide et efficace sur l'ensemble des panneaux et ainsi maximiser l'énergie générée. Donc tout est finalement question d'optimisation, que ce soit au niveau du design, du procédé d'installation, et du pilotage de la ferme.

Infinia, le moteur Stirling optimal obtenu par algorithmes génétiques

Le moteur Stirling [4] est un moteur à énergie externe, par comparaison aux moteurs à combustion interne. C'est une machine thermique qui transforme l'énergie transférée entre deux sources externes (une chaude et une froide) en énergie mécanique (génératrice d'électricité) par l'intermédiaire d'un fluide confiné à l'intérieur du moteur, soumis à un cycle thermodynamique fermé. Aucune combustion n'a lieu à l'intérieur du moteur et le chauffage se fait à l'extérieur grâce notamment à l'énergie solaire.

Le premier projet de Bill Gross, alors étudiant, fut de vendre des plans d'un moteur Stirling par correspondance lors des pénuries de 1973. Cela lui permit alors de financer une partie de ses études. Aujourd'hui sa société Inifinia a développé un moteur Stirling de rendement optimal, gràce à l'utilisation d'algorithmes génétiques. Plutôt que de construire de multiples modèles et de les tester, l'équipe d'Infinia a simulé une grande population de modèles et leur rendement. Elle a par la suite sélectionné les deux meilleurs modèles et les a combinés, et a répété le processus sur un grand nombre de générations, arrivant au final à un modèle avec un rendement optimal augmenté de 40%. Selon Bill Gross, la puissance de calcul nécessaire pour y arriver n'était pas disponible il y a 5 ans. Cela présage de nombreuses utilisations de ce procédé.

Aptera Motors, la voiture dont le Cx est inférieur à celui d'un cycliste du tour de France

C'est aussi la puissance de calcul qui est au centre du projet d'Aptera Motors, fabricant de voitures électriques. Le modèle d'Aptera consomme actuellement 5 fois moins d'essence que la plus performante des Prius de la dernière génération. Ce résultat est le fruit d'un long travail d'optimisation et d'étude de l'écoulement d'air autour de la carrosserie, grâce encore un fois à la modélisation. Cette dernière permet notamment d'évaluer les conséquences de chaque choix technique: insérer les roues à l'intérieur de la carrosserie, ajouter un aileron, etc... Elle permet aussi de gagner du temps, de l'argent, et de limiter l'impact sur l'environnement. Pour Bill Gross, c'est l'utilisation de cette puissance de calcul toujours plus grande et toujours moins couteuse qui nous permettra de nous attaquer à tous nos problèmes sur l'environnement, et à les surmonter.

Google ne produit pas assez de gaz à effet de serre ?

Google était aussi très présent à cette conférence: Bill Weihl, le Monsieur Energie de Google, présentait les résultats d'une étude sur la consommation énergétique des Data Centers qui se trouvent au coeur de l'activité de Google. Selon lui les technologies de l'information sont responsables de 2% des émissions de gaz à effet de serre. Un résultat de son étude qui parait contradictoire est qu'il faudrait que ce pourcentage augmente, devenant une part plus importante d'un montant total en diminution. Cela devrait passer aussi par la mise en place de mesures d'efficacité énergétique au niveau de l'équipement de ces Data Centers.

Une autre personnalité de Google, Edward Lu, était là pour débattre avec Microsoft sur les différences conceptuelles entre les produits concurrents qu'ils développent sur ce marché, à savoir Google Power Meter [5] et Microsoft Hohm [6], et qui doivent tirer leur potentiel de la mise en place du réseau intelligent. Le positionnement est toujours différent: Google est actuellement dans une stratégie de création des partenariats avec les distributeurs d'électricité et de facilitation d'accès aux données, qui prendront leur sens une fois agrégées, sans pour autant chercher à créer un flot de revenu associé, alors que Microsoft se focalise sur le service associé à ces informations au niveau du consommateur et à générer un revenu basé sur une économie d'énergie du consommateur.

Les acteurs des technologies de l'information sont tous en train de se positionner sur le domaine de l'énergie, que ce soient les opérateurs ou les géants de l'internet. Ils observent la mise en place du réseau intelligent et cherchent à trouver leur marché et leurs débouchés: en tant que logiciel de support au niveau de la distribution, sur le marché de la sécurité des informations qui vont circuler dessus, sur celui des logiciels d'exploitation de ces informations pour les entreprises et les particuliers. Ce qui est certain c'est qu'avec l'arrivée du réseau intelligent, des sources d'énergie renouvelables, et des véhicules électriques, il y aura des besoins immenses en développement d'outils de supports pour contrôler la consommation.

Origine : BE Etats-Unis numéro 206 (7/05/2010) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/63272.htmv

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