lundi 31 mai 2010

Une leçon d'éco-entrepreneuriat à Berkeley : Cleantech To Market (C2M)

Un projet ambitieux

La formule est pourtant simple "Etudiants+Scientifiques+Professionnels = Innovation", mais le résultat est spectaculaire. Pour sa première édition, le programme issu d'un partenariat unique entre l'université de Berkeley et les scientifiques affiliés à cette institution (dont le fameux Lawrence Berkeley National Laboratory, pour ne citer que lui), a encore démontré la prééminence des américains, et même pourrait-on dire des californiens, en matière d'innovation technologique. Ambitionnant de favoriser le développement de technologies vertes, pour la plupart encore en gestation dans les laboratoires, et la formation de leaders éco-reponsables, C2M [1] réalise le pari de faire interagir le monde étudiant (tous les éléments de la promotion sont issus des différentes Graduate School de Berkeley afin de favoriser la multiplicité des points de vue), et de la recherche.

Chaque groupe, réunissant 4 étudiants et une équipe de chercheurs sur un projet d'innovation dans les énergies renouvelables, est encadré par une cohorte de professionnels de très haut niveau issus du monde de l'entrepreneuriat, de l'investissement, de la finance, parachevant ainsi l'excellence de la formation. La dizaine de projets qui a été présentée touche des domaines aussi variés que le stockage de l'énergie, des capteurs intelligents ou bien encore du solaire. Nous avons fait le choix, certes partial, de ne discuter ici que les deux projets "solaires" qui nous ont semblé extrêmement prometteurs.

Du solaire modulaire pour les pays en voie de développement

Partant du constat qu'il n'existe pas à l'heure actuelle de technologie solaire adaptée à une utilisation dans les régions les plus pauvres de la planète, pourtant généralement très généreusement dotées en ensoleillement, Cyrus Wadia [2], désormais conseiller du Président Obama pour la question solaire, a développé un nouveau type de cellules photo-voltaïques pour pallier ce manque. L'innovation technique se base sur la technologie couche-mince, dont les avantages principaux résident dans sa grande flexibilité d'utilisation et la faible quantité de matériau nécessaire à la production, en dépassant une de ses principales limitations à savoir l'utilisation de matériaux rares dont l'approvisionnement pourrait poser problème. Le composé retenu est donc le Cu2S qui présente, en plus d'être extrêmement abondant, l'avantage de n'être pas toxique (contrairement au cadmium utilisé habituellement) et d'être très bon marché. La deuxième innovation, elle commerciale, se situe au niveau du marché visé : l'éclairage des régions rurales d'Inde. Chaque indien pourrait ainsi disposer de son propre panneau sur mesure et qu'il pourrait utiliser selon son besoin, ponctuellement. L'efficacité visée de ces panneaux d'ici 2014 est de 6% et serait amplement suffisante pour le marché.

Better Silicon, de l'amélioration de l'efficacité des cellules cristallines

Ce projet a lui été beaucoup plus discret sur le principe scientifique qui le sous-tend car une création de structure est très sérieusement envisagée par la suite, à la seule condition de réunir les 2 millions de dollars nécessaires à la fabrication des prototypes... Better Silicon s'inscrit dans la filière solaire cristalline ; une des faiblesses principales de cette technologie est le coût de production des modules proportionnel à la quantité de silicium nécessaire (rappelons brièvement la récente crise du silicium quand le prix du kilogramme était de $500, il est maintenant redescendu à un tarif plus raisonnable de $60...). La technologie permettrait une réduction des coûts de production des cellules en divisant pas 10 la quantité de silicium nécessaire usuellement à la fabrication de ces cellules, ce pour une efficacité identique. Pour une même quantité de silicium, l'efficacité de la cellule pourrait, selon les prévisions être augmentée de 25% au moins. La distribution de licences à des fabricants de panneaux permettrait théoriquement à l'horizon 2016 (la société deviendrait profitable en 2014) de dégager un revenu net de 3 millions de dollars avec des perspectives de croissance très alléchantes.

Ce programme prouve encore l'incroyable dynamisme de la Californie, capable d'offrir des moyens et des infrastructures à la hauteur de ses ambitions en matière de développement durable et de compétitivité. Un exemple pour le reste du monde...

ORIGINE : BE Etats-Unis numéro 207 (14/05/2010) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/63341.htm

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire