mardi 18 mai 2010

"Au Kenya, le climat d'investissement high-tech est positif"

eVA Fund est un fonds néerlandais qui injecte de l'argent dans des start-up Internet ou mobile au Kenya et au Ghana. Le but : créer de la croissance à travers l'investissement.

Vincent Kouwenhoven

Entretien avec Vincent Kouwenhoven, fondateur et directeur d'eVA Fund, lancé en janvier de cette année en Afrique.

L'Atelier : Pourquoi lancer maintenant un fond d'investissement dédié aux technologies en Afrique ?

Vincent Kouwenhoven : Le continent est en train de prendre rapidement la voie d'Internet et des applications mobiles, dans les grandes villes comme dans les zones rurales. De plus en plus de start-up sont lancées dans ces domaines. Cependant, l'accès à des fonds reste un important inhibiteur de développement. Voici notre coeur de cible. Le capital risque en Afrique en est encore balbutiant. Les entreprises qui veulent se développer, en général, doivent être soit "politiquement connectées" ou suffisamment solvables pour un prêt bancaire. Avec des taux d'intérêt souvent entre 15 et 30 %, cela n'est pas une option viable pour bon nombre d'entrepreneurs. Voilà pourquoi ils accueillent en général favorablement les sociétés de capital risque, qui leur fournissent des fonds, un suivi actif et un accès à un modèle d'affaires éprouvé en échange de parts dans leur compagnie.

Et pourquoi avoir décidé de cibler le Kenya et le Ghana ?

Ces deux pays ont un taux de croissance économique important et attirent des Africains au niveau d'instruction élevé issus de la diaspora. Ils reviennent dans leur pays natal pour lancer des entreprises. Au Kenya en particulier, il y a un esprit entrepreunarial important, avec des individus ambitieux et très connectés. Par ailleurs, l'avantage d'investir dans le web est que ce dernier apparaît comme relativement indépendant de l'agenda politique, tourné vers des secteurs plus traditionnels.

Le fait de déjà investir en Europe dans le secteur technologique facilite-t-il l'identification des initiatives porteuses ?

Effectivement, nous sommes sur le secteur depuis dix ans (eVentures Europe BV). Même si le marché africain est très différent sur bien des aspects, l'utilisation et le déploiement d'Internet montrent aussi de nombreuses similarités avec les premières heures du web aux US et en Europe. Par exemple, Facebook et Google sont aussi en Afrique parmi les sites les plus visités, avec des applications locales spécifiques qui se développent très rapidement.

Des applications souvent très innovantes et qui permettent de s'affranchir de certaines contraintes liées aux infrastructures ou à la pauvreté...

Tout à fait. Les applications mobiles sont même souvent plus innovantes que celles que l'on voit dans le monde occidental. Les solutions de m-paiement en sont un bon exemple, avec le déploiement de nombreux standards innovants. L'une des entreprises dans lesquelles nous investissons, Pesapal, est d'ailleurs en train de lancer une solution pour payer ses factures d'électricité, des frais scolaires etc. depuis son téléphone.

Pensez-vous exporter certains de ces projets en Europe ?

Nous nous concentrons principalement sur des initiatives dédiées aux marchés locaux, mais rien n'est figé. Nous avons ainsi été approchés par une banque néerlandaise intéressée par les technologies de paiement mobile dans lesquelles nous sommes impliqués en Afrique.

Source: L'Atelier

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