mardi 22 février 2011

Budget Energie 2012 : il risque de faire la moue, Barack

Même si la presse estime dans son ensemble que le Président américain a bien navigué à travers la crise égyptienne, l'ambiance est tendue à Washington alors que le Président vient de dévoiler sa proposition de budget pour l'année fiscale 2012 (commençant le 1er octobre prochain). Depuis le discours sur l'état de l'Union, où il avait annoncé que les Etats-Unis tireraient 80% de leur électricité de sources "propres" (dont le gaz naturel, le nucléaire et le charbon avec capture et stockage du CO2) d'ici 2035, le Président bataille avec le Congrès sur les coupes budgétaires que ce dernier exige pour réduire le déficit budgétaire. Il insiste pour que le pays poursuive l'investissement public dans la R&D dans le domaine de l'énergie, et que le financement de cette R&D soit compensé par l'élimination progressive des subventions aux énergies fossiles classiques.

Recherche en énergie : forte poussée

Ainsi, le Department of Energy (DoE) se voit attribuer 29,5 milliards de dollars (21,8 milliards d'euros), soit 12% de plus que le budget 2010 (son niveau actuel, en raison d'un gel budgétaire en vigueur jusqu'au 4 mars). Ce montant inclut les garanties de prêt (un élément clé dans le renouveau du nucléaire américain, géré par le DoE) mais également le soutien à la très médiatique Arpa-e (Advanced Research Projects Agency - Energy), agence de financement de l'innovation de rupture. Cette dernière serait financée à la hauteur de 550 millions de dollars (407 millions d'euros), contre "seulement" 366 millions de dollars (248,6 millions d'euros) cette année, révélant le haut degré de priorité que l'administration accorde à cette agence.

La recherche fondamentale est également à l'honneur au DoE : elle se verrait doter de près de 2 milliards de dollars (1,48 milliard d'euros), soit une augmentation de 13% par rapport aux financements demandés pour 2011. La requête budgétaire double par ailleurs le nombre de "Energy Innovation Hubs" chers au Secrétaire à l'Energie Steven Chu, les faisant passer de trois à six. Ces centres pluridisciplinaires (R&D, ingénierie, sciences sociales, etc.) traitent d'une problématique bien ciblée mais cruciale dans le domaine de l'énergie, à la manière du Manhattan Project à l'orée de la seconde guerre mondiale, ou encore du développement de la technologie RADAR. Les trois nouveaux centres proposés se concentreraient sur : les terres rares et autres matériaux critiques ; les batteries et le stockage énergétique ; et enfin, la smart grid et le réseau électrique. Les trois Innovation Hubs existants sont financés à hauteur de 25 millions de dollars (18,5 millions de dollars) par an chacun.

L'efficacité énergétique et les renouvelables sortent également renforcés...

L'administration prévoit en outre un accroissement de près de 42% du financement dévolu aux programmes de déploiement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Il s'agit principalement de programmes liés à l'efficacité dans les bâtiments et l'industrie (avec un objectif de -20% de consommation d'ici 10 ans). Quant aux programmes liés à l'énergie solaire, à la biomasse et à la géothermie, ils bénéficieraient également d'augmentations d'environ 50%. Le véhicule électrique connait aussi une forte poussée, puisqu'il bénéficierait de 580 millions de dollars (429 millions d'euros), le Président ayant avancé le chiffre de 1 million de véhicules sur les routes d'ici 2015.

Ces augmentations sont à mettre en parallèle avec une requête budgétaire qui diminue globalement le déficit de 1100 milliards de dollars (814 milliards d'euros) sur les dix années à venir. C'est dire si l'administration considère ce secteur comme prioritaire.

L'énergie fossile... fossilisée

Néanmoins, il y a nécessairement quelques perdants. Même dans ce ministère "choyé", certains programmes se verraient circonscrits. 70 millions de dollars (41%) seraient supprimés pour l'hydrogène, afin de se concentrer sur les technologies déployables à grande échelle et à court terme. Mais ce sont surtout les énergies fossiles qui subissent une coupe réglée, à hauteur de 32%. Il y aurait même une élimination pure et simple du programme lié au gaz naturel et aux énergies fossiles non-conventionnelles. Le reste -453 millions de dollars, soit 335 millions d'euros- est principalement attribué à la recherche sur la capture et le stockage du carbone, bien que le montant soit en baisse. Sur ce volet, ce seront les technologies de reconfiguration des anciennes centrales, la surveillance et la comptabilité du stockage, les cycles combinés ainsi que l'oxy-combustion qui seront primés. A contrario, le projet phare des années 2000, FutureGen, ne recevrait plus aucun financement du gouvernement fédéral.

... mais le combat budgétaire ne fait que commencer

Le budget présenté par le président Obama est en tout point conforme aux annonces ambitieuses faites lors du discours sur l'état de l'Union le 25 janvier dernier. Mais la proposition de budget 2012 a été, dès sa présentation, sévèrement critiquée par les Républicains, y compris modérés. Au vu du contexte budgétaire, et du positionnement politique à moins de deux ans des élections présidentielles, il est probable que le budget sera remanié en profondeur, d'autant qu'on peut s'attendre à une contre-offensive rapide des lobbies pétroliers, charbonniers et gaziers.

ORIGINE : BE Etats-Unis numéro 236 (21/02/2011) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/65894.htm

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