mardi 1 juin 2010

3200 ampères dans un câble : avec les supraconducteurs le courant passe !

http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/63503.htm

En 2008, le projet espagnol "Supercable" avait reçu un financement de 500.000 euros à travers le Prix Novare d'Endesa, l'entreprise électrique la plus importante d'Espagne. L'idée : développer un câble électrique supraconducteur. Deux années plus tard, un premier prototype de 30 mètres de long a été testé dans le laboratoire que Nexans, la multinationale française spécialiste des câbles, possède à Hanovre. Les essais réalisés fin 2009 et révélés mi-avril sont manifestement à la hauteur des espérances puisque le prototype a subi avec succès toute une batterie de tests et a transporté sans faillir un courant de 3.200 ampères sous 24 kV monophasé, un nouveau record du monde dans le domaine des câbles moyenne tension.

Un supraconducteur est un matériau un peu magique puisqu'il transporte l'électricité sans opposer la moindre résistance : une fois en route, les électrons se propagent sans perdre d'énergie et donc sans besoin d'être en permanence maintenus en mouvement par une tension électrique. On sait depuis longtemps qu'un métal aussi commun que le plomb peut être supraconducteur mais à condition d'être porté à une température aussi basse que... -266°C, soit 7° au dessus du zéro absolu : pas simple à réaliser ! Depuis la fin des années 80, beaucoup d'espoir ont été mis dans de nouveaux matériaux supraconducteurs à -200°C et moins froid encore. Une température de -200°C peut impressionner mais s'obtient assez aisément : il suffit de tremper dans l'azote liquide. Mais faire de ces matériaux fragiles des fils est une gageure et il faut toute l'expertise et le savoir-faire d'un laboratoire comme l'ICMAB du CSIC, l'Institut en Sciences des Matériaux de Barcelone, pour y arriver.

Endesa, Nexans, ICMAB-CSIC mais aussi Labein-Tenalia au Pays Basque ont donc réussi le défi et ont battu ce record. L'idée : que ce genre de câble soit intégré au coeur des réseaux électriques urbains, sur les secteurs névralgiques en particulier. En effet, grâce à la supraconduction on limite les pertes électriques (donc économies), on diminue le volume des installations, le nombre de transformateurs, etc. Un autre point très important : ces câbles d'un nouveau genre permettent l'utilisation de limiteurs de courant qui évitent la coupure intempestive et la déconnexion en chaîne des transformateurs et générateurs, le talon d'Achille des réseaux électriques et un véritable cauchemar quand cela se produit. Prochaine étape donc : tester le câble avec ces éléments de protection propres aux câbles supraconducteurs (SFCL en anglais ; en gros : si on réchauffe le matériau, il perd de sa supraconductivité et le courant passe moins bien). Ce travail est déjà en cours dans les laboratoires d'Endesa, dans le cadre du projet européen Eccoflow.

Quant au câble prototype, il va être installé "pour de vrai" pendant six mois dans une sous station électrique qu'Endesa possède aux Baléares. A l'avenir, Endesa espère qu'avec l'expérience acquise, le coût de production du matériau supraconducteur puisse baisser et que la fiabilité des câbles augmente, deux obstacles importants à l'essor de cette nouvelle technologie qui a déjà été implantée ici ou là, comme à Copenhague dès 2001, ou à New York en 2007 par Nexans justement

ORIGINE : BE Espagne numéro 94 (31/05/2010) - Ambassade de France en Espagne / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/63503.htm

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