vendredi 26 février 2010

Pays émergents : impact progressif du m-transfert sur le système financier

Les services de type M-Pesa ont des conséquences bénéfiques sur la vie de leurs utilisateurs. Mais qu'en est-il sur l'économie du pays ? L'influence sur l'épargne ou l'emprunt semble encourageante mais reste à démontrer.

Publié le 26 Février 2010
Monnaie mobile

Entretien avec William Jack, économiste au sein de l’université de Georgetown. Le chercheur poursuivra courant 2010 une étude entamée sur le système de transfert d'argent par mobile M-Pesa en collaboration avec un chercheur du MIT.

L’Atelier : Cela fait près de trois ans que les services de transfert mobile de type M-Pesa sont sur le marché. Où en est-on ?

William Jack : Lors d’une étude menée il y a un an et demi, il est ressorti que 40 % des Kenyans utilisaient M-Pesa, un chiffre qui a du encore augmenter depuis. Les besoins en transfert mobiles dans les pays émergents sont beaucoup plus importants que dans les pays développés.

Quel est leur impact économique ?

En Inde, les pêcheurs utilisent le mobile pour savoir dans quel port ils obtiendront le meilleur prix. Là, l’effet est important. En ce qui concerne le transfert d'argent, la question est de savoir si cela se verra dans les données brutes sur l’impact économique. Pour l’instant le transfert mobile a des conséquences importantes sur le quotidien de ses utilisateurs, mais son impact sur le système financier est encore faible. Le montant total des sommes envoyés via M-Pesa n'est par exemple pas encore conséquent par rapport aux flux bancaires. Elles dépassent rarement les 5 à 10 dollars. En revanche, il faut noter que ces services s’adressent à des personnes qui jusqu’alors étaient exclues du système financier. Mieux, les partenariats qui se créent avec les banques tendent à les réinsérer dans le système bancaire.

Quel changement cela apporte-t-il ?

Ce que l’on sait déjà, c’est que les personnes qui utilisent les services de transfert d'argent par mobile sont mieux à même de se protéger contre les aléas de la vie. On observe ainsi une fluctuation de leurs revenus moins importante, et ceci pour deux raisons. D’une part elles économisent plus facilement pour faire face aux temps difficiles. Jusqu’à présent le réflexe consistait à garder l’argent sous son matelas. D’autre part, elles ont accès à un réseau plus étendu de personnes qui peuvent les aider en cas de coup dur : au Kenya, les familles sont souvent dispersées.

Cela aura-t-il des conséquences pour l’économie des pays concernés ?

Si les gens se sentent plus en sécurité, on peut s’attendre à ce qu’ils soient plus prompts à prendre des risques. Ce pourrait être le point de départ d’un comportement plus entrepreneurial. Idéalement, l’emprunt serait un outil plus puissant que l’épargne pour sortir de la pauvreté. Mais dans la mesure où le marché du crédit est quasi inexistant, c’est mieux que rien. Et puis, les services de transfert mobile encouragent une sorte de marché informel du crédit. On peut facilement emprunter et rembourser un ami. Par ailleurs, M-Pesa permet de payer plus facilement pour des biens ou des services. Sur le long terme on peut penser que c’est de nature à favoriser le commerce et la consommation.

Source: L'Atelier

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