Par Frédéric Kaplan, spécialiste des nouvelles interfaces, chercheur à l’EPFL et fondateur de la société OZWE.
L'arrivée de la télévision 3D chez les particuliers pose selon moi plusieurs interrogations. La première : vers quel type de systèmes en trois dimensions les constructeurs vont-ils converger ? Pour recréer une situation visuelle en 3D, il faut, rappelons-le, que chaque œil voit deux images différentes. Trois familles de solutions sont aujourd’hui en compétition : celles qui utilisent des lunettes actives (nécessitant des batteries qu’il faut recharger). Celles qui requièrent des lunettes passives (à verres polarisés). Et enfin celles qui ne nécessitent aucunes lunettes, étant basées sur un filtre "auto-stéreoscopique" placé sur l’écran. Seconde interrogation : à quelle vitesse l’ensemble de la chaîne de production des contenus audio-visuel s’équipera-t-elle pour produire des programmes 3D ? En effet, il ne s’agit pas simplement de s’équiper de caméras munies de plusieurs objectifs. Il faut également développer des logiciels de montage adaptés spécifiquement à ce nouveau média.
Des questions d'ordre technique
Troisième interrogation : dans quelle mesure les technologies d’écrans en trois dimensions se marieront avec celles de l’interaction gestuelle en 3D ? Depuis quelques mois, plusieurs entreprises ont annoncé qu’elles développaient des solutions qui, grâce aux progrès des caméras 3D, permettent de contrôler son téléviseur par de simples gestes dans l’espace. La combinaison de ces deux familles de technologies n’introduit-elle pas une expérience immersive radicalement nouvelle ? Nos anciennes "lucarnes" vont peut-être devenir de véritables miroirs magiques. Enfin, je pense que ces perspectives tridimensionnelles ne doivent pas nous faire oublier qu’une autre révolution est en marche, et qu’elle pourrait avoir sur nos pratiques des effets encore plus grands que la trois dimensions. Nous allons regarder de plus en plus la télévision, entourés d’une panoplie d’interfaces secondaires.
Mais aussi sur nos modes d'interaction avec les programmes
iPhone, iPad et autres tables de salon interactives ne sont pas forcément les concurrents des programmes télévisuels. Ces écrans périphériques représentent au contraire des supports interactifs susceptibles de transformer profondément nos expériences de spectateurs. Nous pourrons bien sûr suivre en temps réel les "tweets" concernant une émission mais aussi développer de nouvelles pratiques de "co-vision", consistant à converser en regardant en même temps le même programme depuis des endroits différents. Les producteurs de programmes les plus "éclairés" sauront exploiter au mieux ce nouveau potentiel interactif en développant des applications prolongeant leurs émissions, par exemple sur iPad ou pour des tables de salons interactive. La technologie est prête et elle est susceptible de rendre rapidement archaïque l’interactivé à base de SMS telle qu’elle est aujourd’hui pratiquée.
Source: L'Atelier
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