Vous avez participé aux Rencontres Internet d'Autrans qui ont eu lieu du 13 au 15 janvier dernier. Quel est le sujet émergent cette année ?
Outre le nomadisme, le sujet principal de ces rencontres était l'émergence de monnaies alternatives, autrement dit aussi bien régionales que virtuelles, et qui pallient souvent l'absence, la pénurie ou les difficultés d'une monnaie officielle. Le fait est que ces monnaies non officielles vont avoir un impact considérable sur Internet. La monnaie virtuelle, qui n'échange pas d'objet concret, a pour effet de renforcer le lien social. Elle favorise la création de sous-ensembles composés de personnes qui se reconnaissent comme des interlocuteurs intéressants, ce qui va plus loin encore que le simple usage des réseaux sociaux. C'est notamment le cas du Twollar, une monnaie inventée pour être utilisée sur Twitter sous forme de points de réputation donnés aux gens. Un système de notation qui existe aussi sur la plate-forme eBay par exemple.
Il y a vingt ans, il n'existait que quelques monnaies alternatives. On en recense aujourd'hui près de 5 000 différentes. Jean-François Noubel a même créé une plate-forme précisément dédiée à ces monnaies alternatives : Thetransitioner.org. De même, Bernard Lietaer, un ancien de la banque centrale de Belgique, met en place de nouvelles monnaies virtuelles.
Pourquoi ce phénomène vous semble-t-il si important ?
La diversité, que l'on parle de monnaie comme de biologie, permet de stabiliser un système. Si une grande monnaie s'effondre, beaucoup de gens en pâtissent. La domination d'une monnaie telle que le dollar est donc dangereuse pour tous le monde. Ce qui explique la création de nombreuses monnaies alternatives justement aux Etats-Unis.
"Au final, qu'est-ce que c'est que l'argent ? Des bits d'information dans un serveur" |
Les plates-formes de création de monnaie n'en sont qu'à leurs débuts, donc elles n'ont pas encore d'impact macro-économique. Mais avec Internet, les choses vont beaucoup plus vite et il n'est pas impensable que cette tendance ait de grosses conséquences d'ici deux ans. Concrètement, il y a le transfert d'argent via porte-monnaie électronique qui ne nécessite pas vraiment de compte bancaire. Il n'est pas non plus aberrant d'imaginer pouvoir avoir plusieurs monnaies sur une carte bancaire.
Au final, qu'est-ce que c'est que l'argent ? Des bits d'information dans un serveur quelque part. Le gros des avoirs n'est pas palpable comme les billets. Et la banque en a le monopole. Pourtant il n'y a aucune raison pour que nous continuions à penser de la manière héritée du passé. Et le jour où Google décidera de créer sa propre monnaie, nous aurons l'air fin ! Car si Twitter s'en mêle, je ne vois pas pourquoi Google s'interdirait d'y aller, surtout compte-tenu des turpitudes actuelles des banques. La conjoncture est favorable, bien que le géant ait déjà bien assez pour s'occuper avec l'eBook et ce qui se passe en Chine.
Existe-t-il d'autres monnaies virtuelles ?
Oui. Cela permet de recréer des systèmes d'échange. Et on commence à voir inventées des monnaies déliées. Au Japon par exemple a été créée une monnaie pour l'assistance aux personnes âgées. On gagne des points en s'occupant de personnes âgées proches de soi, points ensuite réutilisables pour que quelqu'un d'autre s'occupe d'un grand-parent éloigné.Source: JDNet
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