Sean White, un scientifique post-doctorant à l’université de Colombia détaché à la Smithsonian Institution, a fait une présentation très remarquée lors d’ARE2010, un évènement consacré à la réalité augmentée. Le sujet de son exposé était la façon dont la réalité augmentée est utilisée au service de l’environnement.
Pour White, les changements climatiques ainsi que les autres défis environnementaux sont des problèmes qui ne se résolvent pas rapidement, et des outils permettant de visualiser les données relatives à ces problèmes pour aider les scientifiques sont utiles aux scientifiques car ils leur permettent de dégager du sens d’une masse de données.
Identifier les espèces végétales
White a travaillé avec des botanistes du Smithsonian Institute pour créer des applications mobiles destinées à aider les scientifiques à identifier différentes espèces végétales sur le terrain. En temps normal, identifier une espèce nécessite d’examiner une feuille puis de parcourir des pages et des pages d’illustrations à la recherche d’une correspondance. Un botaniste expérimenté peut réduire ce temps de recherche, mais le procédé reste lent et fastidieux.
En utilisant une technologie de reconnaissance d’image, White et le Smithsonian Institute ont créé une application mobile qui peut identifier la feuille d’un végétal à partir d’images stockées dans une base de données. Prenez une photo de la feuille et l’application vous présentera une sélection réduite d’espèces correspondantes.
Les botanistes peuvent également utiliser des lunettes à réalité augmentée (Head Mounted Display) pour accélérer encore plus le procédé d’identification, les résultats trouvés dans la base de données botanique étant ainsi projetés dans les lunettes du botaniste.
Visualiser le taux de CO2 dans un environnement urbain
White a également participé à la mise au point d’un dispositif destiné à collecter et visualiser les niveaux de CO2 dans les zones urbaines en mettant au point un dispositif qui mesure le taux de CO2, couplé à un GPS particulièrement précis et un altimètre. Des cartes détaillées de la pollution liée au CO2 ont ainsi été établies pour un quartier pilote de New York.
En poussant l’expérimentation un peu plus loin, les données récoltées ont été visualisées dans un environnement en 3D et superposées dans une vue en réalité augmentée, fournissant une troisième dimension qui pousse l’analyse des données bien au delà de ce que permet une carte en 2D. White affirme que ce type de visualisation aide a déterminer la causalité d’une présence anormale de CO2 repérée lors de la récolte des données.
Il explique comment un taux élevé de CO2 restait un mystère quand il était visualisé dans un environnement en 3D et comment, en utilisant les mêmes données dans une vue en réalité augmentée, il a découvert que la zone où le CO2 était anormalement élevé était à l’angle d’une rue où des camions attendaient en file pour faire des livraisons. Ce type d’analyse des données n’aurait jamais été possible avec une simple carte.
Trouver un emplacement idéal pour une éolienne
Le troisième exemple donné par White concerne les éoliennes, et la façon dont la réalité augmentée peut servir à trouver un emplacement idéal pour leur installation. En utilisant une technologie analysant les variations de la lumière (Light Detection and Ranging), les scientifiques peuvent pointer des instruments vers le ciel et observer les courants d’air locaux en déterminant la direction et la vitesse du vent.
Dans le passé, d’énormes tours de mesure ont été érigées pour mesurer ce type de données, mais c’est très couteux, ne mesure que les données relatives à l’environnement immédiat de la tour, et cela prend beaucoup de temps. Avec cette nouvelle technologie, plus rapide et beaucoup moins chère, les scientifiques peuvent récolter des données sur de larges zones et les assembler dans des visualisations. Ils peuvent ensuite utiliser la réalité augmentée sur le terrain afin de déterminer les emplacements idéaux pour de futures éoliennes.
La réalité augmenté n’en est qu’à ses débuts
On pourrait penser, demain, à d’autres utilisations de la réalité augmentée à des fin environnementales, notamment à destination non plus des scientifiques, mais du grand public. J’aimerais trouver un jour une application qui me permette de visiter un glacier et de visualiser, en réalité augmentée, ce à quoi ressemblait le paysage quelques décennies plus tôt afin de prendre conscience, sur le terrain, du réchauffement climatique. Ce type d’applications permettrait sans aucun doute de mieux faire saisir au grand public la réalité des défis environnementaux auxquels nous devons faire face.
Alors, la réalité augmentée peut-elle sauver la planète ? A elle seule, bien sûr que non. Mais en l’utilisant aussi bien pour les scientifiques qui travaillent sur le sujet que pour le grand public afin de le sensibiliser à ces enjeux, elle peut sans aucune doute y contribuer.
Source: Readwriteweb
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