De passage à Paris*, le patron du leader mondial des panneaux solaires Suntech, le Dr. Zhengrong Shi, a estimé que le marché français serait le 2ème ou 3ème marché pour le géant chinois en 2010, derrière l’Allemagne et avec l’Italie: selon le Dr Shi et le nouveau directeur des ventes de Suntech en France, Jean-Yves Landheimer, la France installera cette année 800 MW à 1 GW de panneaux, dont – lenteur d’EDF oblige – 400 MW seront raccordés au réseau.
Une prévision encore plus optimiste que celle de l’Association européenne des industriels du photovoltaïque (Epia) qui table sur 500-700 MW.
Avec 400 W de plus raccordés, la France fera plus que doubler sa puissance solaire (292 MW raccordés fin 2009, selon le bilan du Commissariat général au développement durable).
« En Italie nous vendrons 160 W cette année », a indiqué le Dr Shi sans donner de chiffre aussi précis pour la France. « Notre principal partenaire régulier en France est EDF Energies Nouvelles, avec qui nous avons prévu de vendre 115 MW cette année, mais qui ne seront pas tous installés en France », a précisé le responsable de Suntech en France, qui est en fonction depuis 6 mois. S'il vend 100 à 150 MW en France cette année, Suntech aura une part de 12% à 17% environ du marché français
Seulement les toits en France
« En France nous visons les grandes toitures, pas les centrales au sol, car Suntech préfère la production d’énergie décentralisée, la microgénération », a-t-il expliqué.
EDF EN utilise donc ses deux grands fournisseurs pour deux marchés bien distincts, explique Jean-Yves Lindheimer: les panneaux Suntech pour les toits et ceux de l’américain First Solar – des panneaux en couches minces, moins chers mais à plus bas rendement – pour les grandes centrales au sol.
« Nous pouvons choisir nos segments de marché, car nous ne pouvons répondre à toutes les demandes. D'ailleurs nos ventes prévues en 2010 (1,3 GW) représentent 100% de notre capacité de production ». C'est aussi pour cela que Suntech ne s'estime pas concurrent de son compatriote Yingli, qui a remporté le contrat de la centrale au sol de Curbans.
Suntech n’envisage pas en revanche de produire en Europe : ses lignes de production sont concentrées en Chine, à l’exception du site de production qu’il installe aux Etats-Unis, à Goodyear, décidé « plutôt pour des questions politiques », a reconnu M. Lindheimer.
« Mais les emplois générés par le solaire au niveau local ne sont pas tant ceux des lignes de production que les installateurs, les couvreurs… Donc pour développer le solaire mieux vaut disposer de panneaux de qualité à coûts raisonnables. », argue-t-il.
Le patron de Suntech France juge en tout cas « très positif » l’ajustement des tarifs de rachat solaire français, qui permettent selon lui d’éviter la spéculation. « Il était temps de calmer les choses ».
Il croit aussi que le marché allemand continuera sur sa lancée cette année, baisse de tarifs ou non, car « il y a aura une baisse de tarif tous les ans. Donc il y aura toujours des gens qui auront intérêt à installer avant la baisse… L’important est que la baisse des tarifs soit corrélée à la baisse des coût » des panneaux.
La baisse de l’euro pèse cependant sur les comptes du groupe chinois : elle lui a coûté 25 millions d’euros au premier trimestre, un montant supérieur à celui de son bénéfice trimestriel qui était de 20 millions de dollars.
La "fenêtre de tir" des couches minces se referme
Le Dr Shi ne croit plus aux couches minces, qui ont bénéficié selon lui d'une "fenêtre de tir" lorsque les cellules au silicium était plus chères, ce dont a réussi à profiter presque uniquement le groupe américain First Solar.
Mais depuis, la baisse des coûts des cellules au silicium a changé la donne, et ce sont elles qui représentent l'avenir, selon lui, d'autant que les matériaux des cellules en couches minces sont problématiques, tant en terme de quantité disponible (comme l'indium, rare) que de toxicité, notamment pour le cadmium, base des cellules en tellurure de cadmium (CdTe) de First Solar.
« Notre coût de production est descendu à 1,85 dollar par watt », a précisé le Dr Shi, qui ne voit guère d’avenir pour les cellules à couches minces. L’an dernier les cellules en silicium ont vu leur coût baisser drastiquement, et les cellules à couches minces ne sont pas toutes compétitives car leur rendement reste trop faible, inférieur à 10% (contre 14,5% pour ceux de Suntech). Même si elles sont moins chères, il leur faut plus de surface et plus de câblage, et leur coût n'est donc au final pas compétitif. En outre elles sont sous pression, car le cadmium est toxique" et les autorités européennes hésitent à l'interdire, selon les dirigeants de Suntech.
Pas question en revanche de rachater des installateurs coome l'a fait SunPower car "Suntech 'a pas besoin d'assurer des débouchés".
*Le Dr Shi etait l’invité du Center of Political and Foreign Affairs pour une conférence organisée par l'agence spécialisée dans les marchés de l'environnement Terranuna.
SOURCE :
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mardi 8 juin 2010
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