En matière d'énergie solaire, le soleil ne brille pas de la même façon pour tous. En France, le marché des équipements solaires thermiques, qui transforment la chaleur du soleil en énergie, vient ainsi d'enregistrer sa première baisse en dix ans.
L'année dernière, 36.000 chauffe-eau solaires individuels ont été installés dans l'Hexagone, contre 42.000 l'année précédente, selon l'association Enerplan. Si la baisse est marquée dans le résidentiel, le solaire thermique continue sa progression dans le collectif. L'association évoque la baisse des prix du fioul et du gaz, qui a moins incité les particuliers à investir dans le solaire thermique. " Clairement, il y a eu aussi un effet de réorientation des particuliers vers le photovoltaïque ", ajoute Richard Loyen, délégué général d'Enerplan.
Dans le domaine de l'électricité solaire, c'est en effet l'emballement. Des capacités de 250 mégawatts (MW) ont été installées dans l'Hexagone en un an, contre 105 MW en 2008, selon une étude de PricewaterhouseCoopers (PwC). La France passe ainsi de la douzième à la septième position mondiale derrière l'Italie et devant la Chine. Motif de cet engouement : les tarifs très incitatifs de rachat de l'électricité photovoltaïque. Si incitatifs que des agriculteurs pouvaient financer gratuitement de nouveaux hangars en installant des panneaux solaires sur le toit. Le gouvernement a tiré la sonnette d'alarme le mois dernier, annonçant une baisse des tarifs. " Les changements réglementaires de ce début d'année devraient se traduire par une croissance moindre, mais plus saine en 2010 ", estime PwC.
Excellents retours sur investissement
Pour Benjamin Cros, expert du cabinet de conseil, " l'impact de ce changement tarifaire ne sera pas forcément très négatif ". Car, même après cette correction, les tarifs français restent parmi les plus élevés au monde, assurant d'excellents retours sur investissement. " Le marché sera encore là en 2010 ", promet le consultant. Mais sa physionomie risque de changer. " Du côté des installateurs et des distributeurs, la consolidation risque de se polariser plus tôt que prévu autour de grands acteurs structurés et de petits acteurs locaux. " L'explosion de la demande a mis certaines entreprises dans une situation de trésorerie difficile, à l'instar des start-up des années 2000. C'est le cas du numéro cinq français des panneaux installés au sol, Aehlios, placé en redressement judiciaire à l'automne. D'autres leaders sont actuellement à la recherche de fonds propres.
Cette consolidation ne devrait pas freiner l'évolution de l'emploi dans l'aval de la filière, c'est-à-dire parmi les installateurs de panneaux ou les commercialisateurs... Ce secteur emploie actuellement quelque 4.500 personnes en France et le chiffre devrait monter à 8.000 d'ici à 2012, selon le Syndicat des énergies renouvelables (SER). Chez les fabricants de panneaux, le SER table aussi sur un important essor, avec 7.000 emplois en 2012, contre environ un millier actuellement. PwC est moins optimiste.
Source : Les Echos, 8/02/10
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