lundi 8 février 2010

Leçon d'innovation du docteur Jobs

C'est le dernier spectacle à la mode. La dernière présentation de la maison Apple, les jeunes l'attendent comme un concert rock. Que va bien cette fois-ci nous inventer le magicien Jobs ? L'attente, les rumeurs, participent du plaisir et donc du succès annoncé. Les précédents, iPod et iPhone, ont bouleversé spectaculairement le destin de secteurs entiers, comme la musique ou l'internet mobile. On imagine donc déjà que l'iPad saura faire aussi bien avec le monde du livre et des journaux. A croire que la firme est née pour décliner tous les nouveaux usages grand public de la révolution numérique. Pourtant Steve Jobs, le patron d'Apple, n'est pas un inventeur, c'est un innovateur. Ce qui est très différent. Pas de blouse blanche mais des yeux grands ouverts sur le monde… et un bon sens des affaires.

L'une des premières machines inventée par Thomas Edison, un compteur automatique de votes, a été rejetée par le Congrès des Etats-Unis car jugée trop rapide. « N'inventez jamais quelque chose que les gens ne veulent pas », en a déduit Edison. C'est la première règle de l'innovation, l'obsession de l'usage. Un innovateur est un commerçant dans l'âme qui cherche à répondre à un besoin. Steve Jobs est avant tout un homme de marketing qui s'intéresse d'abord au client.

La deuxième règle est celle de l'accumulation d'expérience. La priorité va à l'amélioration de l'existant, pas à l'aventure scientifique. Quand le prince portugais Henri le Navigateur lançait ses explorateurs à la conquête des côtes africaines, il ne leur demandait qu'une chose : revenir. Pour transmettre leur savoir, et ainsi aller plus loin. Apple n'a inventé aucun des composants de ses iPod ou iPhone, il a juste, si l'on peut dire, trouvé le bon assemblage de design, de logiciel, de service qui puisse satisfaire le client. Edison n'a pas inventé la lampe, il l'a perfectionnée jusqu'à en faire un produit industriel.

La dernière règle de l'innovation c'est le travail collectif, mêlant toutes les compétences, de la conception à la production et la vente. Les innovateurs ne cherchent pas, ils mettent la connaissance, et les trouvailles des autres, au service de leur propre enrichissement et accessoirement de celui de la société, souvent au détriment des puissances établies. La France, qui s'interroge sans cesse sur sa compétitivité sans savoir que faire, devrait en prendre de la graine. Dans un monde qui change, la richesse des nations ne vient pas de leur talent scientifique, mais de leur capacité à innover.

Source : Les Echos, 28/01/09

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