HANOVRE (Allemagne) - Regarder quelqu'un jouer au flipper ou écrire une lettre par la seule force des ondes de son cerveau constitue une des attractions majeures du salon des technologies Cebit de Hanovre cette année.
Assis devant un flipper, un cobaye arborant un bonnet couvert d'électrodes qui lui donne des airs de créature d'un autre monde actionne la machine avec dextérité, mais sans les mains, alors qu'une foule de curieux se presse autour de lui.
"Il pense 'main droite', 'main gauche', les électrodes enregistrent les ondes associées à ces pensées, envoient l'information à un ordinateur, qui lui fait bouger le flipper", explique Michael Tangermann, chercheur du Berlin Brain Computer Interface, unité qui travaille sur le procédé au sein de l'Université technique de Berlin.
La technologie instaure un véritable dialogue entre l'homme et la machine, ce qui, au-delà de l'aspect futuriste et insolite, pourra un jour sauver des vies. L'application aux automobilistes fait notamment l'objet de beaucoup de recherches à l'heure actuelle.
En situation d'urgence, le cerveau réagit quelque 200 millisecondes avant qu'un conducteur, même sur le qui-vive, appuie sur la pédale de frein, et ces 200 millisecondes là peuvent être cruciales. S'il n'est pas question de faire freiner la voiture automatiquement, "il y a plusieurs choses que le véhicule pourrait faire pendant cet intervalle de temps, ajuster un peu plus la ceinture de sécurité par exemple", argumente M. Tangermann.
Les électrodes, qui à termes devront pouvoir être remplacées par des terminaisons plus petites pour que la technologie puisse être utilisée dans la vie de tous les jours, pourraient permettre aussi d'identifier un petit coup de fatigue du conducteur, conduisant son véhicule à lui suggérer une pause.
Autre champ d'application, par exemple pour les produits sur lesquels travaille la société autrichienne g.tec, les personnes handicapées physiques, qui pourront à l'avenir "contrôler leur fauteuil roulant, ouvrir les portes ou allumer leur téléviseurs rien qu'avec leur cerveau", pronostique Clemens Holzner, en charge du développement informatique de la société.
Sur le stand de g.tec, la démonstration se fait devant un écran muni d'un grand clavier dont les touches s'allument l'une après l'autre. But de la manoeuvre: taper sans y mettre les doigts. Le cobaye, muni de son bonnet à électrodes, se concentre sur la lettre qu'il veut quand celle-ci s'allume, et l'activité de son cerveau pile à ce moment-là est transmise à l'ordinateur, qui affiche la lettre en question sur l'écran.
Pas question encore d'écrire un roman, il lui faut environ quatre minutes pour que s'affiche un mot de cinq lettres. Mais la technique fait l'objet de recherches poussées, et est en passe d'être perfectionnée.
Source: L'Express
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