Les jeunes ne veulent plus de mobiles prépayés
Les cartes prépayées ne représentent plus que 30 % du parc mobile, contre 70 % pour les forfaits. Cela s'explique par la multiplication des offres forfaitaires bon marché, mais aussi par l'attrait de l'Internet mobile.
C'est une tendance lourde : les utilisateurs de téléphones mobiles sont de plus en plus nombreux à opter pour le forfait. En septembre dernier, quasiment 70 % des détenteurs d'une carte SIM avaient choisi cette forme de facturation plutôt qu'une carte prépayée. Sur cinq ans, l'évolution est très nette. En 2004, les forfaits ne représentait que 60 % du parc total.
Et la crise économique n'y change rien. Les utilisateurs repoussent la décision d'achat d'un nouveau terminal ; ils veillent à ne pas dépasser leur forfait ; mais ils ne reviendront plus vers des formules prépayées, pourtant censées s'adresser aux petits budgets et aux personnes soucieuses de maîtriser leurs coûts.
En réalité, acheter une carte prépayée n'est plus la panacée pour les petits budgets. Même chez les opérateurs mobiles virtuels (MVNO), concentrés sur l'entrée de gamme alors que les trois grands opérateurs trustent le haut de gamme, les formules de forfaits bon marché se multiplient et gagnent du terrain sur le prépayé.
Chez Prixtel, créé en 2004, l'abonné bénéficie chaque mois du meilleur forfait du marché applicable en fonction de sa consommation réelle. Un moteur de comparaison mouline les offres des 9 principaux opérateurs du marché et sélectionne la plus intéressante. Quant à Zero Forfait, une société qui n'a que neuf mois mais déjà 26.000 clients, elle pratique des forfaits « sans engagement » : le possesseur du mobile peut cesser de téléphoner pendant deux mois sans payer. Il lui faut juste verser 15 euros chaque trimestre pour garantir qu'il est encore… au bout de la ligne. Même innovation chez les grands opérateurs. Chez SFR, sur 100 nouvelles recrues, environ 40 vont au prépayé, 20 au pur forfait, et 40 aux « forfaits bloqués ». Une formule hybride qui prend peu à peu le pas sur le prépayé, estime Thierry Pélissier, directeur marketing chez SFR : « C'est un produit adapté aux collégiens et aux lycéens dont les parents veulent par exemple limiter la consommation à un montant de 15 à 30 euros par mois. »
Le rôle de l'Internet mobile
Mais le recul du prépayé est une tendance structurelle, qui va plus loin que des questions conjoncturelles d'innovation marketing ou de coûts. La bascule se fait au niveau des nouvelles recrues, c'est-à-dire essentiellement des jeunes, puisque 92 % des Français sont déjà équipés de mobiles. Les adolescents qui autrefois se faisaient offrir par leurs parents des cartes prépayées, voire des forfaits bloqués pour téléphoner, veulent maintenant aller sur Internet, envoyer des e-mails, échanger des messages avec MSN. Et pour cela, il faut des abonnements plus complets, qu'on trouve dans les forfaits, et des téléphones encore plus évolués… qu'on trouve dans des « packs ». « Un lycéen peut envoyer de 300 à 400 textos par mois », souligne Thierry Pélissier. « Aujourd'hui, avec nos offres couplées, on peut avoir un mobile multimédia avec un clavier, un écran tactile, etc. pour seulement 9 euros pourvu de souscrire un abonnement. De telles offres poussent à prendre un forfait. »
Etant donné qu'on ne peut pas subventionner de téléphones si on ne fidélise pas son client, le prépayé va avoir du mal à rivaliser. Le forfait a décidément de beaux jours devant lui.
Source : Les Echos, 24/11/09
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