L’Humanité est face à une double mutation climatique et énergétique de grande ampleur.
Une mutation climatique tout d’abord, car la civilisation actuelle avec ses modes de vie, techniques, technologies et habitudes de consommation, n’est plus soutenable en raison des émissions de gaz à effet de serre (GES) qu’elle génère.
Sur les 156 dernières années (1850-2006), les plus chaudes se sont produites sur la dernière décennie (1995-2006). Au cours des cinquante dernières années, le taux de réchauffement a été le double de celui observé au cours du siècle. La concentration de CO2 dans l’atmosphère est passée de 280 ppm avant la révolution industrielle à 379 ppm en 2005 et elle continue d’augmenter au rythme de 1,9 ppm par an.
Environ 20 à 30 % des espèces évaluées à ce jour sont susceptibles d'être exposées à un risque accru d'extinction si l'augmentation du réchauffement mondial moyen dépasse 1.5-2.5 °C (par rapport à 1980-1999).
Selon le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) des Nations unies, il convient donc de limiter de manière drastique les émissions anthropiques (66 % du total) afin de stabiliser la concentration de CO2 à 400 ppm au maximum, ce qui correspond à un réchauffement planétaire de +2°C environ. Cela implique une division par 4 des GES des pays développés d’ici à 2050 et une stabilisation de celle des pays émergents.
Outre les disparitions d’espèces, le coût économique de l’inaction est énorme : de l’ordre de 20 % du PIB mondial. Sans compter le coût humain : près de 200 millions de déplacés et d’importants risques de conflits armés.
Au regard de cette urgence, les mesures déjà prises à l’échelle planétaire peuvent même apparaître timides. Pour trois raisons :
• d’abord, les climatologues viennent de découvrir que les forêts et les océans pourraient perdre leur capacité d’absorption du carbone répandu dans l’atmosphère. Or la plupart des projections prennent pour hypothèse la réabsorption de la moitié de toutes les émissions de carbone dans ces puits naturels.
• Ensuite, les dernières études estiment plus probables de maintenir les émissions de GES à 550 ppm (et non à 400ppm). Cela équivaut à un maintien de la hausse des températures autour de 3°C. Pour cela, le défi est considérable. Car il faudra parvenir à l’échelle globale à une diminution des émissions de 30 % (entre 60 à 80 % pour les pays développés) d’ici à 2030.
• Enfin, en raison de l’effet conjugué de l’augmentation de la population mondiale (+40 % d’ici à 2050) et du rapide développement économique de pans entiers de l’Humanité, notamment la Chine et l’Inde, la consommation mondiale d’énergie devrait croître de plus de 50 % dans un quart de siècle par rapport à son niveau actuel. Cela, alors que 2 milliards de personnes n’ont pas encore accès à l’électricité…
L’investissement nécessaire pour relever le défi du changement climatique est compris, selon le Rapport Stern (2006) entre 1 et 2 % du PIB mondial. Cela équivaut, selon l’AIE (Agence Internationale de l’Energie, 2008) à 45.000 milliards de dollars sur la période, à investir dans les technologies énergétiques propres. A ce montant il faudrait rajouter 17 000 milliards soit en moyenne 400 milliards de dollars par an, du fait de la fin prévisible des combustibles fossiles dans les prochaines années (40 ans pour le pétrole, 70 ans pour le gaz, 150 ans pour le charbon). Alors même que ces énergies carbonées représentent actuellement 80 % de la consommation d’énergie primaire mondiale et près de 70 % des sources de production d’électricité. Illustration de cette raréfaction progressive, entre 1990 et 2008, le cours moyen du baril de pétrole a progressé de 420 %.
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mercredi 1 juillet 2009
Analyse Innhotep-Changement climatique : Pourquoi les investissement en technologies propres sont-ils indispensables ?
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