Les entreprises spécialisées dans les infrastructures de transmission sans fil sont toujours préoccupées de ce que sera la prochaine génération d'équipements. Dans ce secteur, parier sur un mauvais cheval condamne vos ventes à baisser inexorablement lorsque les opérateurs renouvellent leur matériel. C'est ce qui s'est passé pour Nortel. En 2008, ses activités dans les technologies de transmission mobile lui ont rapporté un chiffre d'affaires de 2 milliards de dollars, mais il décline rapidement.
Une entreprise en perte de vitesse peut quand même se révéler une bonne affaire, si elle est capable de cracher du résultat, comme Nortel. Ericsson n'aura pas besoin d'investir énormément en reprenant les rênes. Le temps ne presse pas : les clients de Nortel ne renouvelleront pas tous ensemble l'intégralité de leurs équipements, et avant cela, ils auront besoin de maintenance.
On ne décide pas de se lancer dans une fusion juste pour récupérer sa mise. En revanche, si elle est synonyme d'avantage concurrentiel, alors là, cela devient plus intéressant. Les opérateurs de téléphonie mobile finiront par adopter la LTE, une nouvelle norme qu'Ericsson a largement contribué à développer. Fort heureusement, Nortel y travaillait aussi. Ericsson prendra ainsi possession d'un certain nombre de brevets, tout en récupérant 400 ingénieurs déjà mobilisés sur la nouvelle norme. En outre, les opérateurs aujourd'hui équipés en CDMA seront parmi les premiers à vouloir passer à la LTE, sous la pression de clients pressés de profiter de la vitesse de transmission de données de la nouvelle technologie.
Ce n'est pas parce qu'ils sont clients de Nortel que les gros opérateurs américains, comme Verizon Wireless ou Sprint, choisiront nécessairement Ericsson comme prochain fournisseur. Cela étant, avoir mis un pied dans la place ne peut pas nuire. De plus, ce n'est pas rien que d'empêcher ses concurrents Nokia et Huawei - le nouveau venu chinois - d'avoir cet accès privilégié aux opérateurs. Ericsson vient donc de réussir un coup magistral en faisant main basse sur les activités de transmission mobile de Nortel.
Source : Le Monde (adapation de Breaking Views), 30/07/09
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