250 millions d'individus. À peu de chose près le nombre d'habitants de l'Allemagne, de la France, du Royaume-Uni et de l'Espagne réunis. C'est le nombre d'utilisateurs que recense Facebook depuis le 15 juillet. Le site communautaire le plus célèbre au monde permet aux utilisateurs inscrits de retrouver d'autres usagers et de partager des photos ou encore de s'envoyer des messages. Mark Zuckerberg, le dirigeant et co-fondateur de ce réseau social, se réjouit de son succès. Et il y a de quoi.
Il y a 5 ans, le Web 2.0, fondé sur l'interactivité, n'en était qu'à ses balbutiements. Facebook prend naissance dans un dortoir de l'université d'Harvard, près de Boston, sur la côte est des Etats-Unis en février 2004. Pour les étudiants Mark Zuckerberg, Dustin Moskovitz, Chris Hughes et Eduardo Saverin, les fondateurs du site, il s'agit de permettre à leurs camarades du campus de partager des données. Un mois plus tard, Facebook s'étend à d'autres universités américaines avant de s'implanter dans le nord de la Silicon Valley, en Californie. Progressivement, le réseau s'élargit aux lycées, puis aux grandes entreprises américaines. Et en 2006, Facebook s'ouvre au monde entier.
Le succès est croissant et suit le tracé d'une courbe exponentielle. Le réseau compte 20 millions d'utilisateurs en avril 2007. Ils sont 200 millions deux ans plus tard. D'avril à juillet 2009, le site communautaire gagne 50 millions d'utilisateurs dans le monde. Selon Médiamétrie, le site arrive au septième rang des sites les plus visités en France en mai 2009, derrière Yahoo!, mais devant Pages Jaunes, l'encyclopédie Wikipedia et le site de vidéos en ligne YouTube.
Depuis sa création, le contenu est enrichi par de nouvelles applications : mise en place des groupes qui réunissent les utilisateurs par centres d'intérêt, possibilité de mettre des photos en ligne, lancement du "Wall" permettant de laisser des messages sur le profil d'autres utilisateurs et création d'un "chat" où deux utilisateurs peuvent dialoguer en ligne de façon instantanée.
Mark Zuckerberg voit dans la réussite du réseau qu'il a co-fondé une marque de la modernité. Lors d'une déclaration aux usagers de Facebook en avril 2009, il fait l'apologie du site communautaire : "Créer des liens entre les gens fait avancer le monde et le rend meilleur. Barack Obama comme Nicolas Sarkozy ont tous deux utilisé Facebook comme un moyen d'organiser leurs soutiens."
Grâce à l'importance de son audience et aux données personnelles qu'il collecte sur les utilisateurs, le réseau social est aussi un outil marketing. Les conditions d'utilisation précisent que tous les contenus mis en ligne par les utilisateurs peuvent être utilisés par Facebook à des fins publicitaires. Le leader des sites communautaires propose aux annonceurs qui souhaitent lancer une campagne promotionnelle sur le site de cibler les clients potentiels au moyen des informations que ceux-ci fournissent.
Fort de son succès, le réseau social est l'objet de convoitises. Lundi 13 juillet, son partenaire russe Digital Sky Technologies a ainsi offert de racheter des actions des employés de Facebook à hauteur de 100 millions de dollars, lui permettant à terme de détenir 3,5% des parts du site. Cette proposition valorise Facebook à près de 6,5 milliards de dollars (4,65 milliards d'euros), mais on est loin de l'offre de Microsoft à l'automne 2007. À l'époque, le géant des systèmes d'exploitation avait dépensé 240 millions de dollars pour 1,6% des actions, soit une valorisation de 15 milliards de dollars.
La crise économique est passée par là, mais les réactionss des utilisateurs aussi ont tiré vers le bas la valeur marchande de Facebook. Selon des études de marché, l'irruption d'annonceurs déplaît aux internautes. Une controverse avait d'ailleurs éclaté en février 2009 : Facebook avait modifié les conditions d'utilisation en s'arrogeant une licence à vie sur tous les contenus des usagers du service. Devant la levée de boucliers des internautes, les dirigeants du site ont fait marche arrière en avisant les utilisateurs que la "licence de propriété intellectuelle se termine lorsque vous supprimez vos contenus de propriété intellectuelle ou votre compte".
De surcroît, ils sont de plus en plus nombreux à accéder au site depuis leur téléphone portable, un appareil qu'ils considèrent appartenir à leur sphère personnelle d'où la réclame est bannie. Le site communautaire est loin d'être aussi rentable que le moteur de recherche Google et les revenus qu'il génère grâce à la publicité restent faibles alors même qu'il voit le nombre de ses usagers croître de façon constante..
Pour l'heure, Facebook s'efforce de définir un business model qui lui permettrait d'être économiquement viable. Et tente de résister à la progression galopante de Twitter, plus simple d'utilisation et plus maniable, en proposant lui aussi une interface de micro-blogging. L'année dernière, il a également tenté de racheter Twitter pour 500 millions de dollars. La rivalité entre les deux plates-formes n'a pourtant pas de raison d'exister. Sur Internet, Facebook relève du portail avec une vaste gamme d'usages et d'applications, là où Twitter se contente du créneau des SMS en offrant aux 'twitterers' la possibilité d'échanger des messages de 140 caractères maximum et des photos. Dans la mesure où ils s'adressent au même public, les deux réseaux sont complémentaires. Et affichent des ambitions similaires : Facebook espère atteindre bientôt le demi-million d'utilisateurs. Du côté de Twitter, on mise sur le milliard d'ici 2013.
Source : J. M., Les Echos
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