Qui se soucie de savoir quand et comment Twitter, le service de messagerie de masse qui est train de révolutionner les médias sociaux, va commencer à gagner de l'argent? Certainement pas les capital-risqueurs qui viennent d'accorder à la start-up de San Francisco une nouvelle levée de fonds « substantielle », selon les propres termes du PDG Evan Williams. La presse américaine affirme, citant plusieurs sources, que le montant s'élève à 100 millions de dollars, portant la valorisation de Twitter à 1 milliard de dollars. Cela représente quatre fois plus qu'en février dernier, date de sa précédente levée de fonds. De quoi éloigner pour un temps les spéculations sur les tentatives de rachat par Google (Twitter a affirmé sans ambiguïté son intention de rester indépendant) et susciter celles sur l'éventualité de voir Google lancer un service concurrent - le leader mondial de la publicité en ligne n'a pas réussi pour l'instant à se positionner sur le marché émergent des réseaux sociaux.
Avec plus de 125 millions de dollars dans ses coffres et une réputation de frugalité exemplaire, Twitter n'est certainement pas pressé de prendre une décision sur son modèle économique. D'ailleurs, les participants à la conférence 140TC (140 Twitter Conference), qui étaient venus la semaine dernière à Los Angeles avec l'espoir d'en apprendre davantage sur les projets commerciaux de la société, en auront été pour leurs frais.
« Une affaire humaine »
« Il existe énormément de valeur dans l'ouverture des échanges d'information, d'ailleurs le monde est en train d'évoluer dans cette direction,a déclaré Biz Stone, le co-fondateur de Twitter. L'ouverture des modèles de communication a un énorme impact bénéfique sur le monde. Twitter est avant tout une affaire humaine, où les gens peuvent chaque jour parler de ce qu'ils font et apporter leur contribution les uns aux autres. »
Sous la pression croissante de la presse américaine, Biz Stone et Evan Williams, le PDG de Twitter, répètent depuis le début de l'année qu'ils étudient les diverses options d'un modèle économique qui comprendrait notamment des services payants aux entreprises. Par ailleurs, un essai pilote limité de modèle publicitaire a été lancé au Japon. Mais, interrogé, Biz Stone ne s'est pas départi de sa réserve sur le sujet : « Tout type de stratégie impliquant un modèle publicitaire va prendre encore du temps… Nous n'en sommes pas encore à penser à ça », a-t-il affirmé à Los Angeles.
« La réalité est qu'ils pourraient appuyer du jour au lendemain sur le bouton de la pompe à dollars, et leurs investisseurs le savent »,souligne Steve Broback, le président de Parnassus Group, le cabinet de conseil en médias sociaux qui a organisé 140TC. Mais pourquoi se presser quand ils peuvent s'offrir le luxe d'attendre que l'opportunité parfaite se présente ? Personne ne sait aujourd'hui ce qu'elle sera. Mais il ne faut pas oublier que Google est né en 1996 et n'a créé aucun revenu jusqu'en 2001. »
« Une centrale électrique »
De surcroît, Twitter dispose d'un avantage sur Google à la même étape de développement : fort de 60 employés à peine, Twitter a été adopté par quelque 55 millions d'utilisateurs mais aussi par plusieurs centaines de start-up, nées ces derniers mois avec l'ambition de greffer leurs applications et services payants sur l'infrastructure construite et entretenue par le site. Elles se répartissent essentiellement entre trois catégories : services aux entreprises, services aux annonceurs et contenu multimédia. OneForty, un service lancé la semaine dernière, vise à mettre un peu d'ordre dans la foule de ces services en les réunissant en un seul lieu, sur le modèle de l'AppStore conçu par Apple pour l'iPhone.« Twitter se considère, selon leurs propres termes, comme une centrale électrique qui alimente une myriade d'entités », note Braxton Woodham, le cofondateur et directeur technologique de Zannel, une société sécialisée dans la gestion de contenu multimédia sur le Web et qui développe un service pour Twitter après avoir levé 16 millions de dollars de capital-risque.
De fait, Twitter affiche régulièrement son engagement auprès de la communauté des développeurs. « Un écosystème riche et diversifié a émergé et nous avons à coeur de le cultiver, a déclaré Biz Stone devant les quelque 400 participants de la conférence 140TC.Nous considérons les développeurs comme des partenaires et des alliés et, avant chaque décision, nous nous interrogeons toujours sur l'impact que notre action va avoir sur eux. » Pour Twitter, l'ordre des priorités est clair : faire fructifier d'abord, moissonner ensuite.« Ce sont des cultivateurs, pas des chasseurs », observe Steve Broback.
Source : Les Echos, 28/09/09
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lundi 28 septembre 2009
L'économie Twitter prend son envol
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