Le 3 décembre dernier, Immersion, une PME bordelaise leader dans le secteur de la réalité virtuelle et de la simulation visuelle, lançait Cubtile, le 1er périphérique multi-touch 3D au monde. Grâce à sa technologie tactile, ce cube de 27 cm d'arête permet de manipuler intuitivement des contenus en 3 dimensions restitués sur un écran. Un simple effleurement suffit à appréhender une apparence, un volume. Pour un architecte, il devient alors possible de naviguer facilement à travers les plans d'un futur immeuble. De même, un ingénieur du secteur automobile pourra manipuler le prototype d'un véhicule en projet grâce à cet étonnant outil d'aide à la décision dont les premières livraisons sont prévues pour le premier trimestre 2010. Une nouvelle étape dans l'histoire de cette entreprise qui vient de fêter ses quinze ans.
"C'est la faute de Philippe Coiffet si j'ai créé Immersion", ironise Christophe Chartier, le président de cette entreprise. Il rappelle que c'est en effet à la suite de la lecture d'un livre, un ouvrage de référence intitulé "La Réalité Virtuelle", co-écrit par Grigore Burdea, un chercheur du très réputé Massassuchets Institute of Technology (MIT), et le français Philippe Coiffet, alors directeur de recherche au CNRS au sein du Laboratoire de Robotique de Paris (LRP) et considéré comme l'un des grands spécialistes mondiaux de la robotique et de la réalité virtuelle, qu'il décide de se lancer dans l'aventure en compagnie d'un ami. En 1994, la réalité virtuelle n'en est encore qu'à ses débuts, Jaron Lanier ayant proposé l'expression "Virtual Reality" (VR), à peine neuf ans plus tôt, pour désigner "un espace de représentation réaliste, tridimensionnel, calculé en temps réel, immersif". Et si les applications industrielles de cette nouvelle discipline restent balbutiantes, les créateurs d'Immersion sont convaincus qu'elles ne vont pas tarder à connaître un développement considérable. "Aussi avons-nous commencé par bâtir un catalogue de produits en nous appuyant sur tous les noms cités dans cet ouvrage de Grigore Burdea et Philippe Coiffet, notre objectif étant de devenir l'importateur de ces différentes solutions naissantes", résume le président d'Immersion.
Trois pôles d'activités pour une PME d'une vingtaine de personnes
Progressivement, le catalogue d'immersion s'étoffe au rythme d'un marché grandissant. La réalité virtuelle séduit en effet de plus en plus à l'orée des années 2000, cette technologie permettant de réduire le temps de développement, d'anticiper les problématiques industrielles et de réduire les coûts de conception et de maintenance. En huit années, durant lesquelles l'entreprise ne cesse d'être à l'affût des nouveaux produits et des solutions les plus récentes, en particulier en menant une veille technologique de tous les instants, elle se constitue un solide réseau de clients. "C'est PSA qui nous a donné envie d'aller au-delà du métier de négoce de produits et de solutions. A l'occasion du lancement de leur modèle Xara Picasso, il nous a été demandé en effet d'intégrer une solution de réalité virtuelle et de la développer en France et en Europe", explique Christophe Chartier. Un travail que l'entreprise bordelaise réalise en collaboration avec l'Américain Intergraph Computers Systems et la Compagnie des Sigaux (CS), SSII française. Une soixantaine de simulateurs sont installés en France et en Europe. Une belle réussite qui donne alors à Immersion l'envie de franchir une nouvelle étape et de s'investir davantage au plan intellectuel en se lançant notamment dans des projets de recherche européens comme INSCAPE, dont l'objectif est de concevoir un logiciel pour l'écriture d'histoires 3D interactives, ou CRIMSON qui vise à développer un système utilisant la réalité virtuelle pour la préparation, l'entraînement et la gestion des missions de sécurité en réponse à des crises urbaines.
Aujourd'hui, Immersion est une PME qui compte plus d'une vingtaine de personnes réparties en trois pôles : le Pôle Produits, qui poursuit l'activité historique de l'entreprise, le négoce, le Pôle Projets et le Pôle R&D. Pour l'équipe du Pôle Projets, il s'agit de réaliser des solutions sur-mesure comme des salles de visualisation stéréoscopique, des murs d'images à très haute densité de pixels, des environnements immersifs à plusieurs faces ou encore des simulateurs visuels 3D temps réel. "La salle Stanley Kubrick, réalisée pour le compte de Renault, est une de nos réalisations marquantes. Dédiée à la conception virtuelle de prototypes de voitures, elle permet de visualiser la voiture dans toutes les circonstances et de simuler tous les équilibres et les déséquilibres", précise Christophe Chartier. Autre projet significatif d'Immersion, CSWave, une plate-forme virtuelle dédiée à la formation au soudage développée en collaboration avec CS. A ce jour, plus de 150 de ces simulateurs sont installés dans le monde, principalement dans des écoles où ils permettent d'optimiser le geste de l'étudiant, mais aussi dans des entreprises qui souhaitent former leur personnel. De son côté, l'équipe du Pôle R&D assure une veille technologique permanente, participe à des projets de recherche d'envergure européenne et conçoit de nouvelles solutions matérielles pour l'interaction et la visualisation en environnement virtuel. C'est dans ce contexte qu'a été créé le Cubtile.
Une réponse aux problématiques actuelles
"Le Cubtile est issu notamment de notre savoir-faire acquis dans le cadre du développement de la table interactive iliGHT, dont une quinzaine d'exemplaires a déjà été vendue à différents clients parmi lesquels le CNES, l'INRIA de Lille et le groupe EADS", rappelle le président d'Immersion. Mais si les tables interactives apparaissent déjà comme d'étonnants outils qui redonnent à la main son pouvoir d'antan, qu'elle avait momentanément perdu dans l'univers informatique, le Cubtile, ce cube lumineux tactile qu'Immersion vient de lancer sur le marché, l'est encore plus. Il s'agit en effet du premier outil tactile multi-faces et multipoints intuitif. Autrement dit, son utilisateur n'agit plus sur une seule surface, mais sur les 5 faces tactiles de ce cube. D'où la possibilité de manipuler facilement et selon plus de 6 degrés de liberté des contenus tridimensionnels et de naviguer dans un environnement 3D, quelle que soit la complexité des données. "Par exemple, vous pouvez affecter des axes de manipulation propres à chacune des faces du cube, des transformations spécifiques comme zoom ou rotation aux gestes correspondants, et les combiner pour permettre à chaque utilisateur d'y retrouver les interactions qui lui paraîtront les plus naturelles", s'entousiasme-t-il.
Un certain nombre de ces cubes a d'ores et déjà été testé dans le cadre de partenariats avec différents laboratoires. Il est certain que ce type d'outil ne devrait pas tarder à faire son apparition dans différents secteurs industriels. Par exemple, dans les salles de revue de design des grands constructeurs automobiles, l'utilisation de ce cube intuitif et facile à manipuler devrait permettre d'aboutir à des cycles de décisions encore plus rapides. "Après un interfaçage assez facile, le Cubtile s'est avéré un outil de manipulation de scènes 3D intéressant et intuitif même pour des personnes n'ayant pas la culture du numérique", constate Guillaume Osty, responsable des solutions d'imagerie et de réalité virtuelle à la Direction des Systèmes d'Information de PSA Peugeot-Citroën. On imagine aussi tous les bienfaits que le Cubtile pourrait apporter à un chirurgien ou encore un architecte ou un designer. "Il intègre parfaitement la tendance du moment : le tactile. De plus, il apporte une réponse aux problématiques actuelles visant à rapprocher le virtuel de l'utilisateur", ajoute-t-il. Déjà récompensé par le trophée "Science et Education", lors du Laval Vitrual en avril 2009, le Cubtile semble donc promis à un très bel avenir.
Origine : BE France numéro 237 (28/01/2010) - ADIT / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/62089.htm
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