http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/64873.htm
Les derniers jours ont été riches en annonces dans le domaine de l'énergie éolienne offshore américaine. En effet, une étude publiée par le National Renewable Energy Laboratory, laboratoire national du Departement of Energy (DOE) a souligné l'impact majeur que pourrait avoir le développement de l'énergie éolienne offshore sur la production nationale d'électricité. Selon cette étude les Etats-Unis pourraient subvenir à l'intégralité de leurs besoins en électricité à partir de sources éoliennes s'ils développaient leur ressource éolienne offshore. En effet, avec 26 états en bord de mer, l'exploitation des vents maritimes pourrait potentiellement générer jusqu'à 4 fois la capacité électrique actuelle du pays.
Si les Etats-Unis sont le premier pays au monde en matière d'énergie éolienne, leurs installations sont exclusivement terrestres, localisées sur les côtes et à l'intérieur du pays, et il n'existe pas encore de ferme éolienne offshore aux Etats-Unis ; l'Europe, a contrario, exploite ses ressources éoliennes offshore depuis une vingtaine d'années, et possède plus de 830 turbines connectées aux réseaux électriques de neuf pays européens. Selon les estimations du US DOE, le développement des ressources éoliennes offshore permettrait de générer 20% de la production domestique d'électricité, soit plus de 54 GW, d'ici 2030. En plus de réduire la pollution atmosphérique liée à la production d'électricité à partir de sources d'énergies fossiles, le développement de l'industrie éolienne offshore présente des avantages économiques, tels que la création de nombreux emplois dans l'industrie des énergies renouvelables et dans les secteurs technologiques qui y sont associés.
Quelques jours après à la parution de cette étude, Google et Good Energies (société d'investissement spécialisée dans les Cleantech) ont annoncé leur participation financière dans un projet colossal de 5 milliards de dollars, le Atlantic Wind Connection, qui verra la côte Est du pays équipée d'un réseau de transmission électrique sous-marin, au large des états du New Jersey, du Delaware et de la Virginie. Ce réseau, d'une longueur de 570 kilomètres, peut accueillir une capacité installée de 6000 MW, soit l'équivalent de 5 centrales nucléaires. Bien qu'il existe déjà des réseaux de câbles sous-marins assurant la transmission et la distribution de l'électricité d'un état à l'autre, la grande différence de ce projet est qu'il permettra la connexion directe de fermes éoliennes sur le nouveau réseau sous-marin. Situé entre 25 et 35 kilomètres au large des côtes, il permettra de relier les futures fermes éoliennes offshore aux différents centres urbains de la côte Est en Virginie, dans le Delaware et le New Jersey, et de tirer profit des forts vents marins de la région sans que les éoliennes ne soient visibles depuis la terre ferme (l'impact visuel des divers projets proposés à d'autres endroits représente un obstacle majeur dans le développement des fermes éoliennes offshore aux Etats-Unis). La nature et la taille du projet l'exposent à de nombreux obstacles techniques et administratifs, mais aussi bien les investisseurs que les agences gouvernementales et les groupes de protection de l'environnement semblent accueillir l'initiative avec enthousiasme. La première phase de construction devrait se terminer en 2016, avec la mise en service d'un segment sous-marin de 150 kilomètres au large du New jersey.
L'initiative est une excellente nouvelle pour l'industrie éolienne américaine, qui prévoit une croissance exponentielle de la demande en énergie éolienne offshore dans les années à venir. La production d'électricité à partir de sources éoliennes offshore est encore chère, mais l'existence d'un réseau de transmission électrique sous-marin devrait permettre une réduction drastique des coûts associés aux futurs projets de fermes éoliennes offshore.
Bien qu'unique en son genre, le projet annoncé par Google et Good Energies n'est pas le premier effort réalisé aux Etats-Unis dans le domaine de l'énergie éolienne offshore. Le Texas vient ainsi d'annoncer la construction de la première turbine offshore au large des côtes texanes, à proximité de Galveston Island, prévue pour la fin de l'année 2010. D'une capacité de 2,75 MW, cette turbine n'est que la première étape d'un projet plus vaste, le Galveston Wind Project, qui devrait permettre de produire 300 MW à partir de sources éoliennes offshore. Il est important de préciser que la situation administrative du Texas, particulière, est en grande partie ce qui a rendu le projet possible. En effet, la région concernée est sous l'autorité de l'état du Texas, et contrairement aux autres états américains, l'autorisation du US Department of the Interior n'était pas nécessaire.
Dans les autres états, des projets similaires rencontrent plus de difficultés. Un projet pilote de ferme éolienne, proposé par la compagnie américaine Deepwater au large de l'état de Rhode Island, a failli être abandonné après que National Grid, qui s'était engagée à acheter l'énergie produite par la ferme éolienne offshore proposée par Deepwater, se soit retirée des négociations en raison des coûts trop élevés du projet. Donald Carcieri, gouverneur de l'état de Rhode Island, a réussi à convaincre National Grid de reconsidérer sa décision, et la ferme éolienne offshore devrait maintenant être complétée et opérationnelle en 2013, et ce, malgré des coûts d'exploitation encore largement supérieurs à ceux de l'industrie éolienne terrestre. Dans l'état du Massachusetts, un autre projet, baptisé Cape Wind, a bénéficié d'une importante couverture médiatique. Le projet, qui verra Cape Cod et Nantucket Sound bénéficier de 468 MW de capacité installée supplémentaire, a rencontré une opposition féroce de la part de certaines communautés locales, qui n'apprécient guère l'introduction d'éoliennes dans le paysage. Néanmoins, les autorités administratives locales et fédérales viennent d'approuver le projet, et près de 130 éoliennes devraient être installées au large de la côte de Nantucket dans les années à venir.
Malgré les difficultés rencontrées, souvent d'une nature plus administrative que technique, plus d'une vingtaine de projets sont à l'étude dans le reste du pays, et certains, tels que le projet de ferme éolienne au large de Cape Cod, sont en voie d'obtenir les autorisations administratives nécessaires à leur développement. La plupart de ces projets concernent la côte Est du pays, mais certains développements similaires sont à l'étude dans la région des Grands Lacs, le Golfe du Mexique et sur la côte Ouest du pays.
Il est cependant nécessaire de rappeler l'adoption en juin 2009 par l'administration Obama d'une politique de d'aménagement du territoire appliquée au domaine maritime (Marine Spatial Planning), suite aux recommandations du groupe de travail désigné par le Président Obama : la Interagency Ocean Policy Task Force. Cet effort de planification risque derendre plus complexe le choix des emplacements des futures fermes éoliennes dans l'espace maritime américain. Les dimensions économiques, sociales, et environnementales de ces projets sont perçues différemment par les nombreux acteurs concernés, et les autorités fédérales peinent à s'entendre avec les autorités localesquant à la sélection de sites pour de nouvelles éoliennes offshore. Davantage de coordination dans le processus du Marine Spatial Planning et un cadre législatif remanié semblent requis pour faciliter le développement de l'énergie éolienne offshore aux Etats-Unis.
Les récents développements annoncés par l'industrie éolienne offshore s'inscrivent dans un effort soutenu de la part du gouvernement américain en vue de réduire la dépendance du pays envers les énergies traditionnelles, fossiles et polluantes, au profit des énergies renouvelables... et surtout "nationales" !
ORIGINE : BE Etats-Unis numéro 223 (22/10/2010) - Ambassade de France aux Etats-Unis / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/64873.htm
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lundi 25 octobre 2010
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