Emmaüs Défi a lancé en 2009, en partenariat avec l'opérateur SFR, une activité de téléphonie pour faciliter l'accès des plus défavorisés à la communication. Ce projet est dirigé par Margault Phélip.
Emmaüs Défi a été créé en 2007 par Charles-Edouard Vincent, qui en est aujourd'hui responsable, et Martin Hirsch, alors président d'Emmaüs France. Le but était aussi de créer des emplois. Ce chantier d'insertion fait partie de la branche "économie solidaire et insertion" d'Emmaüs. Des personnes en difficulté y sont salariées dans des dépôts-ventes avec l'objectif de trouver un emploi traditionnel au bout de deux ans maximum.
Comment est né le projet de téléphonie solidaire ?
Charles-Edouard Vincent. La communication par téléphone mobile est aujourd'hui un élément essentiel pour rester en contact avec la société. Or, peu de chose a été fait dans ce domaine pour aider les plus démunis.
Après avoir constaté que beaucoup de personnes qui gagnaient 700 euros par mois en dépensaient 100 en téléphonie pour seulement trois heures de communication, nous avons décidé de créer un programme de téléphonie solidaire. Ce sont souvent les plus pauvres qui paient le plus. Quand quelqu'un est surendetté, dans une situation précaire et parfois n'est plus bancarisé, il est contraint d'acheter des cartes qui coûtent trois à quatre fois plus cher que le prix des forfaits normaux !
Margault Phélip. Nous avons donc mis en place un système de cartes SIM prépayées rechargeables au tarif solidaire d'un peu moins de 5 euros de l'heure. Le dispositif est accessible pour une durée de six à dix-huit mois. L'objectif est de revenir ensuite dans des offres classiques où la personne paiera, par exemple, 50 euros par mois car nous l'aurons conseillée et orientée vers des forfaits moins chers et adaptés à son mode de consommation. C'est un coup de pouce temporaire.
Les personnes qui en bénéficient nous sont en général adressées par les travailleurs sociaux d'associations et de la Ville de Paris ; ce sont des ménages dont le budget téléphonique représente 10 % à 15 % de leur revenu. Le dispositif technique a été mis en place avec SFR. Nous avions déjà travaillé avec cette entreprise par le biais de bénévolats et de mécénats de compétence.
Ne craignez-vous pas que SFR participe à ce projet uniquement par souci de soigner son image ?
C.-E. V. Est-ce que nous sommes l'alibi de SFR ? Je ne le pense pas. Les choses ne sont pas blanc ou noir, ce n'est pas le gentil Emmaüs et le méchant SFR. Je pense que ça a du sens, pour les salariés de SFR, de travailler avec nous. La contagion en interne est bonne car elle rend l'entreprise plus humaine. C'est bon pour les clients, pour les salariés et pour l'écosystème de l'entreprise.
L'Etat vous aide-t-il dans ce projet ?
C.-E. V. Non, SFR en finance aujourd'hui l'intégralité. Nous achetons la carte à un peu moins de 5 euros et la revendons au même prix.
M. P. Mais SFR ne nous impose rien, notamment en termes d'objectifs chiffrés.
Pourquoi ne faites-vous pas d'offre gratuite ?
C.-E. V. A Emmaüs, rien n'est complètement gratuit. C'est une manière de valoriser le travail des compagnons et des salariés. Si nous voulons être dans une logique de création d'emplois pérennes, qui permettent de vivre de son travail, nous ne pouvons pas être gratuits. Emmaüs Défi n'est pas dans la logique du don.
Assurez-vous d'autres services autour de cette offre ?
M. P. Ce n'est pas qu'une offre à bas coût, c'est un programme monté en fonction des besoins que nous avons observés. Les cartes prépayées sont le seul moyen de télécommunication accessible à tous, mais les gens sont parfois perdus dans les offres des opérateurs, ils ont des factures énormes et ne comprennent pas pourquoi.
Il y a un réel manque d'information. Nous accompagnons donc gratuitement les personnes pour les aider à payer moins cher et à mieux comprendre leur facture. Certains bénéficient d'ailleurs de l'accompagnement sans nous acheter de cartes. Notre objectif est de les amener vers plus d'autonomie.
C.-E. V. A terme, si ce concept se développe, nous n'arriverons pas à satisfaire tous les besoins. Nous sommes un laboratoire, nous voulons créer un modèle que d'autres s'approprieront.
Cela a du sens pour SFR, c'est bien cela le problème.. Après le "charity business" voici le "solidarity business", il y a même un rally 4X4 féminin ( des Gazelles ) dans les dunes saharaouies qui se blanchit à la solidarité, près de chez moi un fleuriste fait du "solidarity marketing", un peu plus loin c'est un tournoi de poker.... Emmaüs est devenu une entreprise comme les autres, aussi pire que les autres et quelque fois beaucoup plus encore si l'on se penche quelque peu sur les droits bafoués de ses 4000 travailleurs solidaires où plutôt sous-travailleurs qu'elle désigne pompeusement sous le magnifique nom de compagnons.
RépondreSupprimerGreat initiative, really helpful for the coming generation.
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