C’était sûrement le secret le mieux gardé du Mondial de l’automobile 2010. Moins attendu que les Ion, C-Zéro ou autre Zoé, le projet français Modulowatt constitue bien l’une des sensations de cette édition en matière de mobilité verte. Porté par un consortium de neuf partenaires dont Valeo, Aixam Mega et DBT, ce système vise à associer la problématique de la recharge électrique à celle du stationnement urbain en facilitant au passage la vie de l’automobiliste. Le concept ? Une borne de recharge automatisée équipée d’un bras de connexion robotisé et articulé. « Il nous semblait inadmissible d’imposer à l’utilisateur de ramasser deux à trois fois par jour un câble sale et mouillé. Tout le monde n’a pas une paire de gants dans son coffre » justifie Alain Bernard, fondateur de Modulowatt. D’où l’invention de ce dispositif mains-libres qui vient se connecter automatiquement à l’avant du véhicule. En une heure de stationnement, l’automobiliste récupérera ainsi six à dix kilomètres d’autonomie. Une borne pouvant alimenter simultanément jusqu’à cinq véhicules. Ces derniers étant alors raccordés les uns derrière les autres à la manière d’un « petit train ».
Créer une « norme GSM » de la recharge automobile
Initié en 2008, le projet Modulowatt bénéficie depuis cette année du soutien du Fonds Démonstrateur de l’Ademe dans le cadre de l’appel sur les « véhicules routiers à faibles émissions de gaz à effet de serre ». De quoi voir grand, malgré le caractère très (trop ?) franco-français du projet. « Modulowatt veut être l’équivalent de la GSM Association dans la téléphonie mobile. Nous avons une dimension internationale. D’ici la fin de l’année 2011, nous disposerons d’un outil de démonstration réel ». Au niveau technique, le système devra être capable de « terminer » automatiquement la manœuvre de stationnement afin d’assurer la bonne connexion entre le véhicule et son système de recharge. « Il y aura une camera derrière le rétroviseur qui sera chargée de repérer des diodes intégrées sur la borne de recharge. L’automate pourra alors amener la voiture au bon endroit » précise Alain Bernard. Une petite prouesse technique qui s’accompagnera d’autres services comme le paiement automatisé du stationnement façon « télépéage ».
Séduire les constructeurs et les collectivités
Etonnant, le concept Modulowatt semble malgré tout très ambitieux Son déploiement nécessite en effet de convaincre de nombreux acteurs. A commencer par les constructeurs qui devront doter leurs futures véhicules d’un connecteur électrique à l’avant. Puis les collectivités qui devront investir dans des bornes facturées 15 000 euros pièce. « L’avenir des véhicules électriques n’est plus technique, il est politique. Soit on a la volonté de développer la voiture électrique, soit on ne l’a pas. Il faut réserver le stationnement électrique en ville aux petites voitures électriques » explique Alain Bernard. Le fondateur de Modulowatt espère que plusieurs collectivités locales miseront sur son système. Dans un scénario idéal, le consortium aimerait annoncer ses villes-pionnières dès le début d’année prochaine. Les premières implantations pourraient alors se dérouler au printemps 2012. Le timing idéal pour briller lors du prochain Mondial ? « Dans deux ans, j’espère qu’il n’y aura plus de stand Modulowatt mais que nous serons présents comme équipementier sur les stands des grands constructeurs. » Le projet français deviendrait alors un véritable secret de polichinelle.
SOURCE : Cleantech Republic
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