dimanche 31 octobre 2010

Le mobile solidaire, un exemple venu du Sud

Encore au stade de l'expérimentation en France, les moyens de télécommunication solidaires ont déjà fait leurs preuves dans plusieurs pays en développement. Ainsi, le téléphone portable a connu un essor inattendu en Afrique. Il est rapidement apparu comme un substitut à l'indigence des routes et du réseau de téléphone filaire, adaptant ses usages à la pauvreté des populations.

Effectifs. Emmaüs Défi emploie 90 salariés à Paris. Le projet de téléphonie solidaire est dirigé par Margault Phélip. Un autre membre d'Emmaüs s'occupe avec elle à mi-temps de la réception des clients, de l'action pédagogique et de la vente des cartes. Quinze salariés de SFR ont apporté leur expertise technique au projet.

Clients. Depuis le lancement de l'opération test en mars, 130 personnes dans le besoin ont adhéré au programme de téléphonie solidaire d'Emmaüs Défi. Un plafond a été fixé à 4 heures de communication mensuelle.

Les opérateurs, conscients du potentiel du secteur, ont créé des offres répondant au mode de consommation du continent. Le téléphone portable s'est, au fil du temps, transformé en banque mobile. Les minutes de communication sont devenues une monnaie informelle, que l'on peut échanger contre de l'argent réel, moyennant une commission de 10 % à 20 %.

Au Mali, il est possible de régler directement par téléphone sa facture d'électricité et certains de ses achats, et même d'obtenir un microcrédit.

FINALITE HUMANITAIRE

Au Kenya, les opérateurs proposent des abonnements à bas prix pour les plus démunis. Le marché africain de la téléphonie mobile enregistre ainsi la croissance la plus rapide au monde depuis 2002, avec plus de 50 % par an.

Ce développement fulgurant peut avoir aussi une finalité humanitaire. L'organisation non gouvernementale française Pesinet, qui oeuvre en Afrique subsaharienne et plus particulièrement au Mali, utilise les télécommunications pour réduire une mortalité maternelle et infantile élevée. Ses membres viennent directement chez les familles peser et ausculter les enfants malades.

Les données sont enregistrées sur un mobile puis transmises à un serveur, que les médecins participant à l'opération peuvent consulter en temps réel. Ils s'engagent ensuite à prescrire des médicaments à prix réduits aux patients.

En Inde, le projet "Childline" a pour finalité d'aider les enfants des rues. Un numéro, le 1098, est à la disposition de tous pour avertir les pouvoirs publics ou les associations locales de situations de détresse.

En Afghanistan, le gouvernement prépare un projet pilote qui utilisera les technologies de l'information et de la communication pour donner aux agriculteurs l'accès à des informations sur les techniques agricoles, les prix et la localisation des marchés, à l'instar de ce qui a été mis en place, par exemple, en Inde ou au Bangladesh.

Mathias Thépot
Source : Le Monde.fr, 26/10/10

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