jeudi 21 octobre 2010

Les réservoirs des centrales hydroélectriques émettraient moins de gaz à effet de serre que ce qui était admis auparavant

http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/64832.htm

Jusqu'à il y a dix ans, les barrages hydroélectriques jouissaient d'une réputation quasi-idéale en tant que source d'énergie renouvelable et non-polluante. C'est alors qu'un rapport de la Commission Mondiale des Barrages, institution reconnue et respectée dans son domaine, annonça que les réservoirs des barrages hydroélectriques représentaient entre 1 et 28% (!) des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES). La publication a fait des vagues dans le monde entier, et plus particulièrement en Norvège, premier producteur Européen d'énergie hydroélectrique avec 120 Mds de kWh par an, ce qui lui permet de subvenir à 98% de ses besoins en électricité.

Récemment, SINTEF, organisme de recherche indépendant norvégien, a mené des campagnes de mesure sur des barrages dans le Laos Subtropical qui devrait remettre en question cette précédente étude. Mais comment un barrage, site de production d'électricité dépourvu de four à combustion d'énergie fossile, peut produire des GES? Ceci est dû au processus naturel de sédimentation des limons du fleuve. En effet, les courants entraînent avec les limons de grandes quantités d'organismes vivants et de matières organiques qui sont enfouies lors de leur dépôt dans le réservoir, puis qui se décomposent. Citons par exemple des réactions de fermentation, qui émettent du méthane, qui est un puissant gaz à effet de serre.

Atle Harby, chercheur à SINTEF, ayant participé aux campagnes de mesures, pense que la " véritable " part des émissions de GES des barrages est beaucoup plus proche de 1% que de 28%. Ceci s'expliquerait par le fait que les mesures parues dans le rapport de la Commission Mondiales des Barrages reflétaient la quantité de GES émis par les réservoirs sans prendre correctement en compte la quantité que ces derniers absorbaient. En effet, alors que des matières en décomposition diffusent des GES, l'écosystème du réservoir, constitué par des algues, diverses variétés de planctons et des poissons, va prélever naturellement du dioxyde de carbone à l'atmosphère. Ceci contribue alors à équilibrer les rejets de GES par la capture d'une quantité équivalente de CO2 atmosphérique.

Précisément, selon les résultats des mesures de SINTEF, les émissions de GES semblent être les plus importantes dans les années suivant la construction du barrage. Lors de mesures sur un réservoir d'une dizaine d'années, il est apparu que les émissions de GES étaient à l'équilibre avec la capture de dioxyde de carbone. Cependant, lorsque le réservoir vieillit, il semblerait que l'équilibre s'inverse en faveur de la capture de dioxyde de carbone. En effet, toujours au Laos et sur un réservoir d'une trentaine d'années, il est apparu que la capture de CO2 était supérieure au relargage de GES. Cette évolution reflèterait le temps nécessaire à la décomposition des premiers dépôts de matières organiques au fond du réservoir et au développement et à l'adaptation de son écosystème. Une énergie qui est donc " plus propre que propre " selon SINTEF...

ORIGINE : BE Norvège numéro 97 (20/10/2010) - Ambassade de France en Norvège / ADIT - http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/64832.htm

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