un an après la commercialisation par T-Mobile US du premier téléphone utilisant le système d'exploitation développé par Google, les nouveaux terminaux estampillés « Android » affluent. Douze téléphones embarquant le nouvel OS concurrent de Windows Mobile ont été annoncés cette année et bien plus sont attendus l'an prochain. Alors que le taïwanais HTC était le seul à fabriquer des « smartphones » sous Android, désormais, Motorola, LG, Samsung, Dell ou encore ZTE ont l'intention de sortir des modèles avec le système d'exploitation du moteur de recherche américain.
En France, une dizaine de modèles différents utilisant Android pourraient être commercialisés pour Noël. Pour l'institut Gartner, en 2012, Android pourrait ainsi équiper 18 % des « smartphones » vendus dans le monde cette année-là. Derrière Nokia, mais devant BlackBerry, l'iPhone et Windows Mobile. Au deuxième trimestre 2009 toutefois, la part de marché d'Android n'a pas dépassé 2 %. Mais le logiciel a deux atouts incomparables par rapport à nombre de ses concurrents : basé sur le logiciel libre, il est gratuit et ouvert. C'est pour cette raison que les groupes asiatiques l'adoptent rapidement. Pas besoin de reverser 15 dollars à Microsoft pour chaque téléphone fabriqué et vendu avec Windows Mobile.
HTC espère ainsi que la moitié de ses ventes, cette année, seront réalisées avec des téléphones Android. « Jusqu'à maintenant, les Chinois savaient faire des téléphones mais pas des systèmes d'exploitation. Faire des “smartphones” leur coûtait cher. Avec Android, c'est la barrière à l'entrée des constructeurs chinois sur le marché des “smartphones” qui est tombée », estime le dirigeant d'un opérateur mobile français, peu optimiste sur l'avenir des Nokia et Sony Ericsson à court terme. De toute façon, à part Windows Mobile, le choix en matière de système d'exploitation n'est pas pléthorique pour les fabricants. Symbian, le leader du marché en volume, reste la propriété de Nokia. Apple et Research in Motion ont chacun leur système d'exploitation propriétaire pour l'iPhone et le BlackBerry. Dans ces conditions, Google s'est engouffré facilement dans la brèche.
Une bouée de sauvetage
Motorola, lui aussi, espère que, avec Android, il tient sa bouée de sauvetage. Tant et si bien que le groupe américain a ainsi quitté la fondation LiMo (comme Linux Mobile), qui regroupe les industriels intéressés par la plate-forme Linux. Et il n'a même plus l'intention de sortir des modèles utilisant Windows Mobile ! Le nouveau patron de la division mobile de Motorola, Sanjhay Jha (qui vient de chez Qualcomm) s'est lancé dans une rationalisation des plates-formes, pour économiser en recherche et développement et se concentrer sur un seul programme. L'homme a même exigé de ses troupes qu'elles travaillent en direct avec les ingénieurs de Google sur l'interface. Le Dext, qui sera vendu début novembre en France, sera le premier modèle de Motorola sous Android. Le suivant, …le Droid, sera commercialisé la semaine prochaine par l'opérateur Verizon Wireless outre-Atlantique. Le premier opérateur mobile américain espère ainsi contrer ATT, qui a obtenu l'exclusivité de l'iPhone il y a deux ans. Verizon Wireless va mettre le paquet sur le Droid pour les fêtes de fin d'année. Il a même déjà lancé une campagne de publicité anti-iPhone. En France, comme les trois opérateurs vendent l'iPhone, Motorola aura sans doute plus de mal à percer. Mais, secrètement, Orange, SFR et Bouygues espèrent bien qu'un concurrent au téléphone vedette d'Apple émergera vite. Pas question pour eux de devenir trop dépendants de la firme à la pomme.
Source : Les Echos, 27/10/09
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